Des pêcheurs britanniques manifestaient à bord de leurs bateaux dimanche contre la perspective de voir le Royaume-Uni continuer à appliquer la politique européenne en matière de pêche pendant la période de transition, après le Brexit, ce qu'ils considèrent comme une "trahison".
Dans le Nord de l'Angleterre, une quinzaine de bateaux munis de bannières proclamant "Sauvez le poisson britannique" et de fumigènes ont remonté le Tyne, de North Shields jusqu'à Newcastle, à 13 km au nord, à l'appel de "Fishing for Leave", association de pêcheurs pro-Brexit, a constaté un photographe de l'AFP. Des actions du même type étaient prévues dans plusieurs ports anglais dimanche après-midi, devant rassembler au total environ 200 bateaux.
Selon un projet d'accord publié en mars par le gouvernement britannique, le Royaume-Uni pourrait continuer à appliquer la politique européenne en matière de pêche pendant la période de transition après la sortie de l'UE, à partir du 29 mars 2019.
Cette concession a suscité un tollé chez les pêcheurs, qui ont dénoncé une "capitulation" du gouvernement britannique et décidé d"exprimer leur colère.
"La transition n'est pas seulement un retard de 21 mois mais une condamnation à mort pour ce qui reste de l'industrie halieutique britannique", estime Fishing for Leavedans un communiqué.
Pour cette organisation, le Brexit constituait "une aubaine pour notre industrie et nos communautés en difficulté", "une occasion en or de rapatrier automatiquement toutes nos eaux et ressources, d'une valeur de 6 à 8 milliards de livres sterling, (7 à 9 milliards d'euros, ndlr) et de lancer une nouvelle politique pour régénérer nos communautés côtières et notre industrie".
L'industrie halieutique britannique n'a cessé de décliner ces dernières décennies, pour des raisons économiques et politiques.
Depuis 1938, le nombre de marins-pêcheurs recensé au Royaume-Uni a diminué de 75%. Le nombre d'embarcations s'est lui réduit de 29% depuis 1996, pour s'établir à 6.191.
Un grand nombre de pêcheurs ont cessé leur activité après la mise en place de quotas par l'UE.
Dans les années 2000, le gouvernement britannique a également envoyé des bateaux en cale sèche et aidé certains pêcheurs à se reconvertir, afin de maintenir des stocks durables. La pêche ne représente plus que 0,4% du PIB britannique, selon les chiffres de 2016.