La zone euro va débloquer samedi soir de l'argent frais qui permettra à la Grèce d'éviter dans l'immédiat la faillite, en attendant un plan de sauvetage à plus long terme pour lequel les discussions traînent en longueur.
Les ministres des Finances de la zone euro ont commencé peu après 16H00 GMT à discuter par téléconférence du versement de 8,7 milliards d'euros de prêts à Athènes.
Ils doivent entériner une décision de principe prise vendredi, selon des sources diplomatiques, et rendue possible par l'adoption d'un nouveau plan d'austérité par le Parlement grec.
Les Européens acquitteront ainsi leur part de la cinquième tranche des 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans promis en mai 2010 à la Grèce, dans le cadre d'un premier plan de sauvetage.
Athènes, qui n'arrive pas à faire face aux remboursements de son énorme dette chiffrée à environ 350 milliards d'euros, a absolument besoin d'argent frais pour ne pas se retrouver en défaut de paiement autour de la mi-juillet.
L'éventualité d'une faillite inquiète bien au-delà de la zone euro. Les Etats-Unis notamment ont multiplié les mises en garde, et leur chef de la diplomatie, Hillary Clinton, a encore appelé samedi à Madrid les Européens à prendre "des décisions responsables" et à apporter une réponse "forte, souple et efficace" à la crise de la dette.
En Europe, les deux autres pays ayant eu besoin d'aide, Portugal et Irlande, sont en première ligne. Mais l'Espagne inquiète aussi depuis des mois à cause de son secteur bancaire, toujours fragile en dépit d'efforts de restructuration. L'Italie est dans le collimateur de certaines agences de notation en raison de sa dette très élevée, tout comme la Belgique, toujours sans gouvernement de plein exercice.
Outre les Européens, le Fonds monétaire international est impliqué dans le plan de sauvetage grec. Il devrait débloquer "bientôt" sa part de la cinquième tranche, 3,3 milliards d'euros, mais ne s'est pas engagé sur une date.
Et même une fois l'argent versé, le problème grec ne sera pas réglé.
Il restera 45 milliards d'euros à verser progressivement au titre du plan de sauvetage de l'an dernier, soit clairement pas assez vu la méfiance que le pays provoque toujours sur les marchés financiers.
La Grèce a besoin d'un deuxième plan de sauvetage et réclame un montant similaire au premier pour tenir d'ici fin 2014.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de nous relaxer, nous avons besoin d'avancer aussi vite que possible, à la fois du côté de la zone euro et du FMI", a prévenu samedi le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l'Union européenne.
"La vitesse ne doit pas aller au détriment d'une décision bien réfléchie", rétorque un diplomate européen.
Les négociations sur le deuxième plan de sauvetage durent déjà depuis des semaines, en particulier sur l'aspect le plus sensible: la participation des banques et autres créanciers privés de la Grèce.
l'Institut de la finance internationale (IIF), le lobby mondial du secteur financier, a promis son soutien vendredi, et le principe d'un "roulement" de dette, voyant les créanciers renouveler une partie de leurs prêts arrivant à échéance d'ici fin 2014, est désormais acquis.
Mais il reste des détails techniques très complexes à régler afin d'éviter que l'opération soit assimilée à un défaut de paiement d'Athènes, qui réduirait tous les efforts à néant.
D'après une source diplomatique, "les travaux n'ont pas encore abouti" et il faudra attendre une autre réunion ministérielle prévue de longue date pour le 11 juillet.
"Je sais pas si tous les détails seront là le 11, mais on cherchera à avoir le budget global des prêts et le montant du financement qu'apportent les créanciers privés", a reconnu cette source. "Le programme doit être bouclé le plus vite possible, mais on ne peut pas exclure que sa finalisation soit renvoyée à septembre."