PARIS (Reuters) - Les opposants à la prolongation de l'état d'urgence et à son inscription dans la Constitution sont appelés à manifester ce samedi à Paris et dans plusieurs dizaines de villes de France à quelques jours de l'examen du projet de loi en conseil des ministres.
A Paris, la manifestation débutera place de la République, à 14h30. D'autres rassemblements à l'appel des collectifs "Nous ne céderons pas" et "Stop état d'urgence", sont également prévus dans quelque 70 villes dont Lyon, Toulouse, Lille, Marseille ou encore Strasbourg.
Décrété par François Hollande dans la foulée des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, l'état d'urgence a été prolongé une première fois de trois mois et l'exécutif a annoncé son intention de le proroger une nouvelle fois au-delà du 26 février.
Un projet de loi en ce sens doit être présenté mercredi en conseil des ministres avant d'être examiné en séance publique par les sénateurs le 9 février puis par les députés le 16 février.
Ce dispositif, prévu à l'origine par une loi de 1955, permet notamment de mener des perquisitions administratives ou de prononcer des assignations à résidence sans accord préalable d'un juge, des mesures jugées dangereuses pour les associations de défense des droits de l'homme.
"L'état d'urgence conduit à des décisions arbitraires, des dérives autoritaires", écrit le collectif "Nous ne céderons pas" dans un communiqué.
"Depuis novembre 2015, plus de trois mille perquisitions sont intervenues. Tout comme les assignations à résidence, elles ont donné lieu à de nombreux dérapages, à un accroissement des discriminations à l'égard de populations déjà stigmatisées en raison de leur origine et/ou leur religion supposée ou réelle."
PREOCCUPATION
Face à ce constat, les deux collectifs, qui réunissent syndicats, associations et organisations de défense des droits de l'homme, réclament la levée immédiate de l'état d'urgence et l'abandon de la réforme constitutionnelle.
"Inscrire l'état d'urgence dans la Constitution, c'est graver dans le marbre ce régime d'exception qui permet l'action des forces de sécurité sans contrôle du juge. C'est habituer les citoyen-ne-s à un état d'exception", écrivent-ils.
"Nous affirmons qu'il est nécessaire et possible que l'Etat protège les habitants face au terrorisme, sans remettre en cause les droits et les libertés", peut-on lire. "Ne donnons pas satisfaction aux terroristes qui cherchent justement à nous faire renoncer à notre vie démocratique."
Saisi en référé par le Ligue des droits de l'homme, le Conseil d'Etat a refusé mercredi de suspendre l'état d'urgence, estimant notamment que le péril imminent justifiant sa mise en oeuvre n'avait pas disparu.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'est, elle, déclarée préoccupée par la prolongation du dispositif en France, relayant les alertes déjà lancées par le commissaire aux droits de l'Homme et le secrétaire général de l'organisation.
(Marine Pennetier, édité par Jean-Philippe Lefief)