par Gilles Guillaume
CHANTILLY, Oise (Reuters) - Renault (PARIS:RENA) a dévoilé lundi la Talisman, sa nouvelle grande berline grâce à laquelle il espère capter une partie d'un segment dominé par les constructeurs allemands.
Cette voiture, qui reprend le nom d'une autre Renault actuellement vendue en Chine, a été dévoilée en grande pompe à Chantilly, au coeur d'un domaine de 7.800 hectares situé au nord de Paris.
Avant de se prêter aux objectifs des photographes dans le décor renaissance du château de Chantilly, la berline aux lignes classiques, longue de 4,85 mètres et affichant la nouvelle large calandre au losange, a même traversé un bassin pour être présentée sur scène.
"Ce segment est a la fois un enjeu d'image et bien sûr un enjeu économique", a déclaré Carlos Ghosn, PDG de Renault, lors de la présentation de ce modèle devant la presse internationale.
"Les crossovers, les SUV font une percée importante, mais dans un marché automobile en croissance, les grandes berlines restent une offre incontournable", a-t-il souligné.
Ce type de silhouette plus traditionnel représente encore un marché annuel de huit millions d'unités dans le monde, soit environ 8% des ventes automobiles mondiales, et un million en Europe. Une version break de la Talisman sera dévoilée en septembre, au salon de l'auto de Francfort.
PLUSIEURS VOITURES EN UNE
Pour exister face a la domination du haut de gamme allemand, incarné notamment par le trio BMW (XETRA:BMWG), Mercedes et Audi, mais aussi par la grande Insignia d'Opel, Renault mise sur le design, les équipements et le confort.
"Nous offrons avec ce produit une alternative", a déclaré à Reuters Jérôme Stoll, directeur commercial de Renault. "Quand les gens en ont assez d'avoir le même modèle, avec cette même prestation assez normée, très conformiste, pas toujours très gaie."
La Talisman reprend ainsi l'innovation des quatre roues directrices de la Laguna. Elle permet également de faire varier sensiblement le niveau de confort à bord, ainsi que l'ambiance lumineuse à l'intérieur de l'habitacle, en passant du vert au bleu, du sépia au rouge ou au violet, afin de proposer au client "plusieurs voitures en une". La dernière née de Renault avance aussi l'argument d'émissions de CO2 inférieures aux modèles plus puissants de la concurrence.
La voiture succède à la Laguna, qui a connu des fortunes diverses au fil des trois générations qui se sont succédé entre 1994 et 2015. Le choix de Renault de conserver le même nom pour la Laguna III, bien que la génération précédente eut son image ternie par des problèmes de fiabilité, avait été critiqué à l'époque par la presse automobile.
La dernière Laguna s'est vendue autour de 345.000 exemplaires depuis son lancement, contre respectivement 1,4 million et 1,1 million pour les deux premiers modèles. En 2014, Renault a commercialisé 16.000 Laguna III environ.
La nouvelle Talisman, dont les tarifs n'ont encore été rendus publics, partage avec Nissan (TOKYO:7201) une nouvelle plateforme commune sur laquelle est déjà assemblé le nouveau Renault Espace, et qui a permis d'améliorer la qualité du véhicule tout en réduisant son ticket d'entrée. La voiture est fabriquée à Douai (Nord), et non plus à Sandouville (Seine-Maritime), site spécialisé jusqu'ici dans le haut de gamme de la marque et reconverti en 2014 dans les fourgons.
La Talisman sera commercialisée a la fin de l'année en France, puis dans le reste de l'Europe, au Maghreb et en Turquie. Renault, qui ne prévoit pas de la vendre en Grande-Bretagne dans un premier temps, a refusé de dire dans quelle autre région du monde elle serait vendue et produite par la suite.
"C'est une voiture mondiale que nous lançons en Europe", a simplement indiqué Carlos Ghosn.
(Edité par Jean-Michel Bélot)