par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Les Parisiens seront plongés à partir de lundi dans les affres d'une crue majeure de la Seine dans le cadre d'un exercice de gestion de crise financé en partie par l'Union européenne, avec la participation d'autres pays de l'UE.
L'objectif est d'alerter les Franciliens sur une crue centennale que les experts jugent quasiment inéluctable et qui pourrait, selon l'OCDE, coûter 30 milliards d'euros.
L'exercice "Sequana 2016" auquel sont associés 87 partenaires - communes, entreprises ou services de l'Etat - s'étalera sur près de quinze jours, la première partie simulant une montée des eaux et la deuxième un retour à la normale.
"Ce type de scénario de crise constitue aujourd'hui le risque majeur que la région sera un jour amenée à connaître", a déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Michel Cadot.
La région parisienne héberge un tiers de l'activité économique française et toutes les administrations centrales y sont implantées."Une crue majeure à Paris pourrait directement ou indirectement toucher près de 5 millions d'habitants et un grand nombre d'activités, avec des répercussions considérables sur les plans humain, économique et social", a ajouté Michel Cadot.
Plus d'un million de personnes seront privées d'électricité lorsque l'événement surviendra. Cette crue pourrait entraîner une interruption du fonctionnement des institutions, comme des infrastructures et activités d'importance vitale.
UN CRUE DÉPASSANT LE NIVEAU DE 1910
Le scénario de l'exercice prévoit l'arrivée d'un front froid stationnaire sur le nord de la France au début du mois de février 2016. Cet épisode de froid est immédiatement suivi de précipitations accentuées sur l'ensemble de l'Île-de-France.
Les débits de la Seine, de la Marne et de l'Yonne augmentent
de manière continue fin février et début mars 2016. Les niveaux de la Seine et de la Marne montent à un rythme quotidien de 50 cm. Les prévisionnistes confirment la tendance à l’aggravation pour la période du 7 au 12 mars 2016 avec une crue majeure dépassant le niveau atteint en 1910.
L'infiltration des eaux dans les sous-sols franciliens endommagerait toutes les infrastructures enterrées, tous les réseaux souterrains. On observerait alors des effets "domino" comme l'effondrement des réseaux électrique et téléphonique, ainsi que l'arrêt du chauffage urbain, de l'approvisionnement en eau potable et des transports.
La France, qui déclencherait des moyens nationaux hors norme, ferait également appel au mécanisme européen de protection civile, permettant en 48 heures de demander et d'obtenir des renforts humains et logistiques de pays européens.
Durant l'exercice, le 10 mars, ce mécanisme d'entraide entraînera l'arrivée d'hommes et de matériels en provenance de Belgique, d'Espagne, d'Italie et de République Tchèque.
Les premiers jours, l'exercice donnera essentiellement lieu à des simulations. Mais le week-end des 12 et 13 mars, six exercices se dérouleront sur le terrain tandis qu'un site d'information grand public sera installé sur le Champ-de-Mars.
L'autre raison de l'exercice vise à appliquer la directive européenne inondation, qui a fixé en novembre 2013 des règles à la suite des inondations à Prague et à Londres.
La région Ile-de-France a pris des mesures visant à rehausser des digues et créer des bassins d'orage pour réduire le risque de rejet de pollution et améliorer l'entretien des cours d'eau.
(Edité par Yves Clarisse)