Le Fonds monétaire international a proposé mercredi une nouvelle mesure pour tenter d'arrêter la contagion de la crise de la dette publique en zone euro: faire intervenir le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour aider les banques les plus fragiles.
L'institution a fait cette suggestion dans son "Rapport sur la stabilité financière dans le monde" semestriel.
Le FESF, créé en mai 2010 et qui émet de la dette depuis janvier, était initialement destiné à lever des liquidités pour les Etats de la zone euro en difficulté.
Le 21 juillet, les chefs d'Etat et de gouvernement ont décidé de lui donner la capacité d'acheter de la dette de ces Etats sur les marchés, et de financer ceux qui auraient besoin d'injecter du capital dans leurs banques. Ces réformes doivent être ratifiées par 17 parlements nationaux. A ce jour, seuls les parlements français, belge, luxembourgeois et italien l'ont fait.
Pour le FMI, il faut aller plus vite.
"On ne peut s'attaquer aux plus gros problèmes, la hausse des risques sur la dette publique, la faiblesse des banques, et les répercussions entre les deux, que par une réparation prompte et exhaustive des bilans", a expliqué lors d'une conférence de presse le directeur du département des marchés de capitaux, José Vinals.
"Certaines banques européennes ont urgemment besoin de relever leur niveau de fonds propres", a estimé le FMI, martelant de nouveau un message qu'il répète depuis de longs mois.
"Dans la conjoncture actuelle sur les marchés, toutefois, cela peut ne pas être toujours possible. Par conséquent un appui public, d'abord au niveau national et en fin de compte via le Fonds européen de stabilité financière, devrait être employé pour fournir du capital aux banques autant que nécessaire", a-t-il ajouté.
M. Vinals a noté que ce serait bientôt possible, quand les parlements auront voté. Mais pour lui, c'est nécessaire dès aujourd'hui: "il y a beaucoup de banques dont le niveau de fonds propres tangibles (tier 1) n'est pas aussi élevé que les marchés l'exigent".
Pour appuyer cette affirmation, l'institution a publié une "approximation de la hausse du risque lié à la dette publique et supporté par les banques ces deux dernières années".
"Les tensions sur les emprunts des Etats de la zone euro venues des pays à fort écarts de taux ont, selon nos estimations, eu des répercussions directes d'environ 200 milliards sur les banques de l'Union européenne depuis l'éclatement de la crise de la dette publique en 2010", a-t-elle indiqué.
Sur cette somme des risques, 60 milliards d'euros proviennent de la dette de la Grèce, 20 milliards de l'Irlande et du Portugal, et 120 milliards de la Belgique, de l'Espagne et de l'Italie. Le FMI estime à 100 milliards d'euros supplémentaires le coût des risques liés aux banques de ces six pays.
"Cette estimation ne mesure pas les besoins en fonds propres des banques, qui exigeraient une évaluation complète de leurs bilans et résultats", a précisé le Fonds.
Le chiffre a, selon le Financial Times, provoqué une vive controverse entre FMI et Européens quand il a été présenté au conseil d'administration fin août. Mais le Fonds l'a maintenu, et prévient que la crise ne devrait pas se calmer d'elle-même.
"Tant qu'une stratégie insuffisamment complète ne sera pas en oeuvre pour régler le problème de la contagion entre Etats, améliorer la résistance du système financier et rassurer les opérateurs de marchés quant à la détermination des responsables politiques pour préserver la stabilité dans la zone euro, les marchés ont des chances de rester volatils", a-t-il écrit.
Dans son rapport, le FMI s'est arrêté sur l'Italie, étape cruciale selon lui "compte tenu de la taille systémique du marché obligataire en Italie et de ses besoins de financement".
Le pays a la deuxième dette publique la plus élevée la zone euro, à plus de 1.900 milliards d'euros, non loin derrière l'Allemagne.
"Les turbulences dans les échanges de la dette italienne en juillet et août montrent à quel point de tels accès de volatilité, si on les laisse se développer, ont le potentiel d'éroder le socle d'investisseurs pour un Etat et de provoquer un ajustement permanent du coût de la dette", a expliqué le Fonds.
Mardi, son économiste en chef Olivier Blanchard avait appelé la zone euro à être "prête [...] à financer l'Italie".