L'arrêt progressif des raffineries Total va continuer ce week-end dans le cadre d'une grève illimitée, sans risque de pénurie de carburant à court terme, tandis que la direction a assuré que seule la raffinerie de Dunkerque était menacée de fermeture.
"Aucune autre raffinerie du groupe en France" que celle des Flandres, près de Dunkerque, "n'est concernée par un projet de fermeture" et "le raffinage est et restera au coeur" des activités du groupe pétrolier, a affirmé la direction.
Un peu plus tôt, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, avait demandé au PDG de Total, Christophe de Margerie, qu'il recevra dimanche après-midi, de "rassurer très rapidement les salariés".
"A ce stade, il n'y a pas de risque de pénurie" de carburant, a aussi indiqué Total, alors que "les manoeuvres d'arrêt des raffineries sont enclenchées" depuis vendredi matin.
Pour arrêter les raffineries, "on n'appuie pas sur un bouton : les salariés demandent la procédure d'arrêt et respectent des consignes de sécurité", a expliqué la CFDT, à l'initiative du mouvement national depuis mercredi aux côtés de la CGT, FO et Sud.
Les syndicats ont évoqué des arrêts complets dès lundi soir à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) ou mardi matin à celle de Grandpuits (Seine-et-Marne).
Le "risque de pénurie" n'est "vraiment pas un argument qu'il faut utiliser", a aussi affirmé la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, alors que la CGT a évoqué un début de pénurie "au bout de cinq jours d'arrêt".
D'après l'Union française des industries pétrolières (Ufip), les stocks de carburants représentent entre 10 et 20 jours de consommation et il faut "que les automobilistes aient un comportement normal, ils trouveront du carburant sur la route".
Total assure environ la moitié de l'approvisionnement des stations-service françaises.
Mais la CGT d'Exxonmobil vient d'appeler les salariés des deux raffineries du groupe, à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), à la grève à partir de mardi contre le même "désengagement" du raffinage, selon le syndicat.
Total a expliqué que son objectif est "d'adapter son outil industriel non seulement en France mais aussi en Europe" et qu'"il est de son devoir et de sa responsabilité d'accompagner la baisse de la consommation et son évolution vers des produits pétroliers plus respectueux de l'environnement".
Les salariés de Total ont voté jeudi en assemblées générales en faveur d'une "grève illimitée" et de l'arrêt total de certaines unités dans les six raffineries françaises du groupe pétrolier: Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges, Grandpuits, Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord).
Le devenir de ce dernier site, à l'origine du conflit national, sera précisé lors d'un comité central d'entreprise le 29 mars. Total a répété qu'il garantira à ses 370 salariés en grève depuis déjà un mois "un emploi" dans le groupe "correspondant à ses compétences", sans "aucun licenciement", et qu'il fera "preuve de responsabilité à l'égard du port de Dunkerque et des entreprises sous-traitantes", qui emploient quelque 400 à 450 salariés.
La CFDT a déploré "l'attente inhumaine" infligée aux salariés de ce site, qui occupent ses locaux administratifs depuis mardi.
Le conflit s'est de nouveau teinté de politique : après l'appel du MoDem régional au boycottage des stations Total, le NPA a réclamé l'"expropriation" de la société.