TOULOUSE (Reuters) - Après plus de trois mois de négociations, les principaux syndicats d’Airbus ont signé lundi l’accord majoritaire sur le plan de sauvegarde de l’emploi déclenché au début de l’été par l’avionneur européen, a-t-on appris de sources syndicales.
Présenté en juillet pour faire face à une baisse d’activité de 40% liée à la pandémie, ce plan d’adaptation prévoit la suppression de 4.200 postes en France dont 3.400 à Toulouse.
Selon les syndicats, l’accord négocié avec la direction dans le cadre du processus d’information-consultation qui doit se terminer le 15 octobre permettra d’éviter des licenciements secs.
Les organisations syndicales ont également signé lundi un accord portant sur l’activité partielle de longue durée (APLD) qui a fait l'objet d'âpres discussions toute la semaine dernière entre le syndicat majoritaire Force ouvrière et la direction de l'avionneur. Ce dispositif mis en place par l’État et auquel la direction d’Airbus aura recours pour 30% de ses effectifs, essentiellement en production, permettrait selon elle d’éviter la suppression de 1.500 postes.
La mise en œuvre des deux accords est fixée au 1er janvier 2021.
OBJECTIF "ZÉRO DÉPART CONTRAINT"
"Sur le volet plan social, nous avons atteint notre objectif de parvenir à zéro départ contraint, ce qui était notre ligne rouge. Et si tous les postes supprimés n'étaient pas compensés par des départs volontaires au 31 décembre, nous avons créé les conditions pour y parvenir, soit par un allongement de la période de volontariat soit par des mesures d'économies complémentaires, comme la modération salariale pendant un an de plus", a déclaré à Reuters Jean-François Knepper, délégué syndical central FO d’Airbus.
De son côté, la CFE-CGC considère aussi qu’"avec ces deux accords, Airbus (PA:AIR) est en bonne voie pour qu’il n’y ait aucun départ contraint".
"La période de volontariat devait s’arrêter au 31 décembre. Elle peut désormais être prolongée jusqu’au 31 mars ce qui laisse plus de temps au gens de quitter volontairement l’entreprise. On estime déjà à 1.000 le nombre de départs à la retraite anticipée et entre 300 et 400 les retraites aidées", détaille Florent Veletchy, secrétaire général CFTC.
"Le recours à l’APLD permettrait de sauver 1.500 postes et le dispositif Corac, destiné à la recherche aéronautique, 500 postes. Si on ajoute d’autres dispositifs, la mobilité interne (300 demandes), la création d’entreprise (333 demandes), les congés pour convenance personnelle (80), on se rapproche de notre objectif de zéro licenciement sec", explique-t-il.
Sur l’activité partielle de longue durée, FO estime être parvenue "au meilleur compromis possible". Le syndicat avait refusé jusqu'alors de signer le texte, estimant que les conditions d’application de l’APLD créaient un Airbus à deux vitesses et "une fracture entre les salariés" puisque seul un tiers des effectifs est concerné par le dispositif.
"La direction est restée sur son objectif d’imposer une rémunération de 84% du salaire net mais nous avons obtenu l'engagement de parvenir avant la fin de l'année à la mise en place d'un complément de rémunération", précise Jean-François Knepper. Ce "rattrapage" de rémunération serait financé selon FO par une "mesure de solidarité" appliquée à l'ensemble des 30.000 salariés d'Airbus Commercial en France.
La CGT a refusé de signer les deux accords. "Nous n’allons pas cautionner un plan qui contient des mesures de licenciement sec, pas plus que l’accord sur l’APLD qui ne permet pas de protéger tous les salariés", a expliqué Patrice Thébault, délégué syndical central CGT chez Airbus.
Airbus a annoncé vendredi avoir livré 341 appareils de janvier à septembre, soit un recul d’environ 40% par rapport à la même période de l’année dernière (571 avions livrés). En septembre, l'avionneur a livré 57 avions contre 71 l’an dernier, et n’a enregistré aucune nouvelle commande.
(Johanna Decorse, édité par Jean-Stéphane Brosse)