PARIS (Reuters) - Un peu plus de deux mois après sa nomination, le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, dresse un constat sombre du système judiciaire français qui, par manque de moyens, est d'après lui "sinistré, en état d'urgence absolue".
"La justice est à bout de souffle. Le ministère n'a plus les moyens de payer ses factures", déclare-t-il dans une interview au Journal du Dimanche.
Lors de la passation de pouvoirs le 27 janvier avec Christiane Taubira, démissionnaire, Jean-Jacques Urvoas avait déjà jugé que son ministère se trouvait "en permanence au bord de l'embolie", mais il dit avoir revu son jugement.
"Depuis que je pousse la porte des juridictions, je dis plutôt qu'elle est sinistrée, en état d'urgence absolue comme disent les médecins", insiste le ministre.
Selon lui, l'administration pénitentiaire a 36 millions d'euros de factures impayées pour des hospitalisations de détenus et la dette de l'Etat vis-à-vis des prestataires auxquels la justice fait appel - interprètes, laboratoires d'analyses ADN ou experts - s'élève à 170 millions d'euros.
"Je connais même un tribunal où on n'imprime plus les jugements, parce qu'il n'y a plus d'argent pour les ramettes de papier", ajoute-t-il.
"Le risque existe que (la justice) se grippe", d'après le garde des Sceaux.
En arrivant place Vendôme, fin janvier, il s'était engagé à obtenir "des moyens conséquents" pour son ministère d'ici la fin du quinquennat.
(Simon Carraud, édité par Nicolas Delame)