PARIS (Reuters) - L'entretien de ce lundi à Bruxelles entre Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan s'est déroulé dans un climat "apaisé", a déclaré le président français, qui a notamment exprimé la volonté de travailler de concert avec Ankara à la résolution des crises en Syrie et en Libye.
Sur ce dernier dossier, le président français a dit avoir reçu des assurances quant à la volonté de son homologue de voir les mercenaires quitter le territoire libyen dès que possible.
"Nous avons trouvé des points de convergences clairs pour préserver le cessez-le-feu, tenir les objectifs d'élections au 24 décembre prochain (...) et pour travailler ensemble au retrait des combattants étrangers et des mercenaires dans un premier temps", a dit le président français lors d'une conférence de presse, évoquant une "avancée importante".
Les deux dirigeants, qui se sont parlé pendant 45 minutes en tête à tête en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles, ont aussi abordé "la question de l'accès humanitaire en Syrie", a dit le chef de l'Etat français.
L'entretien "nourri et substantiel" entre les deux hommes, selon les termes de l'Elysée, s'est déroulé au terme de deux années de tensions diplomatiques émaillées d'invectives, le président Erdogan allant jusqu'à s'interroger sur la santé mentale d'Emmanuel Macron.
"Le climat de cette rencontre a été un climat apaisé, et sans qu'il y ait d'excuses formulées, ni même que quelque excuse ait pu être demandée de part et d'autre, il y a eu la volonté claire de réengager un travail", a dit Emmanuel Macron devant les journalistes.
Le président français a estimé avoir apporté des "clarifications" sur des sujets ayant donné lieu "à des malentendus ou des attaques, en particulier sur la question de l'islam".
"J'ai pu très clairement dire au président Erdogan que, aujourd'hui, la politique de la France n'était pas de s'attaquer à une religion. Qu'en France plusieurs millions de nos concitoyens croient dans l'islam, le pratiquent quotidiennement. Ce n'est pas l'affaire de l'Etat. Simplement ce qui leur est demandé c'est de respecter absolument les lois et les règles de la République", a dit Emmanuel Macron.
"Le gouvernement de la France, de la Nation française, se bat d'une part contre toutes les formes de terrorisme, y compris le terrorisme islamiste. Et d'autre part (nous avons) en effet renforcé notre politique de lutte contre des groupes extrémistes qui utilisent et déforment la religion pour sortir certains de nos concitoyens de la République et du bon respect de ces lois", a-t-il poursuivi.
Ces derniers mois, le président Erdogan avait fustigé le projet de loi "confortant le respect des principes de la République", qui entend lutter contre le séparatisme et renforcer la laïcité à la française.
Aux yeux d'Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan "a entendu ces clarifications et manifesté le fait que la sécurité de la France, la cohésion de sa société était pour lui un point important".
(Elizabeth Pineau, avec la contribution de Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)