Grèce, Portugal, Espagne: la crise économique en Europe fait tache d'huile et prend des allures de tempête, faisant subir à la zone euro son épreuve la plus difficile depuis sa naissance il y a onze ans, en ouvrant la voie à une période d'austérité pour les années à venir.
Les craintes de voir l'Espagne et le Portugal connaître un scénario comparable à celui de la Grèce, à savoir avoir du mal à emprunter pour financer leurs déficits ou à rembourser leur dette, font plonger les marchés boursiers.
L'euro est également sous pression. Son taux de change est tombé vendredi sous 1,37 dollar pour la première fois en huit mois et demi.
Les marchés n'ont pourtant pas de raison "objective" de s'inquiéter des finances publiques de l'Espagne, a assuré à l'AFP son secrétaire d'Etat à l'Economie José Manuel Campa.
Le Portugal est devenu la nouvelle "proie" des marchés, a déploré de son côté son ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos.
Les responsables économiques de la zone euro s'efforcent bien de rassurer sur les Etats du sud de l'Europe, appelés autrefois avec mépris "pays du Club Med" par l'Allemagne et les Pays-Bas, et regroupés désormais avec l'Irlande dans le club des "Pigs" (pour Portugal, Ireland, Greece, Spain).
L'Espagne et le Portugal ne présentent "pas de risque" pour la stabilité de la zone euro, affirme le chef de file des ministres des Finances des pays partageant la monnaie unique, Jean-Claude Juncker.
Les mesures d'économies budgétaires de la Grèce sont "des pas dans la bonne direction", martèle de son côté le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet.
Les marchés ont toutefois des doutes, malgré le fait que ce plan d'économies douloureux pousse déjà les salariés grecs dans la rue, et en dépit de la mise sous tutelle budgétaire sans précédent du pays par Bruxelles, le gendarme budgétaire de l'UE.
Du coup, même si une sortie de la Grèce de la zone euro ne paraît guère réaliste, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique, la question latente est : l'Union monétaire va-t-elle résister à la tourmente?
La zone euro "traverse son premier vrai test" et au bout du compte "certains pays pourraient devoir quitter l'Union monétaire", proclame l'économiste américain Nouriel Roubini, connu comme un Cassandre des marchés pour son pessimisme.
"Les marchés semblent en être à un stade où les mots ne suffisent plus", estiment dans une note les économistes de la Royal Bank of Scotland.
Les partenaires européens de la Grèce se retrouvent en conséquence sous pression pour envisager un mécanisme d'aide financière pour aider Athènes à payer ses fins de mois le cas échéant. Via par exemple des prêts bilatéraux. La solution serait politiquement moins humiliante pour l'Europe qu'un recours de la Grèce au Fonds monétaire international.
Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a suggéré aux pays de la zone euro "d'aider d'une façon ou d'une autre" la Grèce.
Et le gouvernement grec lui-même a dit "demander à ses partenaires européens" de le "soutenir". Il a prôné l'émission d'euro-obligations, des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques.
Ces appels interviennent avant une réunion des chefs d'Etats et de gouvernements de l'UE, qui se tiendra jeudi à Bruxelles.
La tempête budgétaire qui secoue l'Europe présage d'années de coupes claires dans la dépense publique sur tout le continent pour réduire les déficits gonflés par la crise déclenchée en 2008.
Plusieurs pays, la Grèce, mais aussi l'Espagne ou la France ont annoncé ces derniers jours de nouvelles mesures pour réduire leur déficit.