Scott Kanowsky
Investing.com -- Au cours du week-end, cela s'est reproduit. Une autre entreprise de l'écosystème Bitcoin a annoncé une nouvelle série de licenciements, renforçant le malaise de l'ensemble de l'industrie qui découle en partie de la chute brutale de la valeur de la pièce numérique.
Qualifiant cette décision de "difficile, mais nécessaire", la plateforme autrichienne d'échange de crypto-monnaies Bitpanda a annoncé qu'elle allait supprimer des emplois. Selon une estimation de Cointelegraph, le nombre d'employés perdus s'élève à environ 277, l'effectif global se réduisant à environ 730 personnes.
Cette annonce fait suite à une série d'autres sociétés de crypto-monnaies qui ont supprimé des emplois pour maintenir leurs ateliers respectifs en ordre après la chute du bitcoin qui a entraîné l'activité commerciale dans sa chute. Coinbase: Près d'un cinquième de ses effectifs, soit plus de mille personnes, ont disparu. Gemini : 10% de ses employés, partis. BlockFi : 170 personnes, bye-bye. Crypto.com : 260 personnes, supprimées.
Ces mouvements interviennent après une récente baisse de la valeur du Bitcoin. La principale crypto-monnaie a perdu environ 53 % cette année. L'appétit des investisseurs pour les actifs à haut risque comme les pièces numériques s'est émoussé alors que la hausse de l'inflation a incité les banques centrales à augmenter les coûts d'emprunt et à supprimer les montants massifs de soutien économique qui ont contribué à alimenter les marchés pendant la pandémie.
D'autres crypto-monnaies ont été entraînées à la baisse par le repli du bitcoin. Selon un suivi des 500 principaux jetons cryptographiques réalisé par le Financial Times, la valeur en circulation de ces actifs numériques a chuté de plus de 2 000 milliards de dollars depuis novembre pour s'établir aujourd'hui à 1 000 milliards de dollars - un niveau qui n'avait plus été vu depuis début 2021.
Ces chutes ont déclenché une autre série de chocs qui ont touché le réseau complexe de services qui gèrent une grande partie de la plomberie interne du marché des crypto-monnaies.
Celsius Network, l'entreprise d'investissement en crypto qui revendique 1,7 million de clients, a interrompu tous les retraits, swaps et transferts le 12 juin, invoquant des "conditions de marché extrêmes". La bourse de crypto Binance a ensuite fait de même.
Le fonds spéculatif de crypto-monnaies Three Arrows Capital (3AC) s'est effondré après avoir été malmené par le démantèlement du réseau de stablecoins Terra Luna et par le déclin d'autres monnaies alternatives cette année. La chute de 3AC a mis à nu les problèmes de gestion des risques dans les plateformes de prêt et d'investissement en crypto-monnaies, nombre de ces sociétés étant désormais incapables de répondre à une augmentation des demandes de remboursement de prêts, stimulée par la chute des prix du bitcoin.
Par exemple, l'exposition à 3AC a conduit la plateforme canadienne d'investissement en crypto-monnaies Voyager Digital à limiter les retraits quotidiens de ses clients la semaine dernière. Cela pourrait avoir un impact sur plus de 4 millions d'utilisateurs uniques et 5,8 milliards de dollars d'actifs, selon les données des derniers résultats de Voyager.
Ce marché baissier des crypto-monnaies a suscité des inquiétudes quant à la fin de la poussée soudaine du bitcoin dans l'air du temps. En effet, les recherches de "Bitcoin mort" sur Google ont atteint certains de leurs niveaux les plus élevés au début du mois, selon Google Trends.
Il est peut-être encore trop tôt pour le dire, mais ces inquiétudes pourraient être déplacées. Ce qui semble plus certain, c'est une nette intensification de l'examen réglementaire dans le monde entier des rouages souvent obscurs de l'industrie cryptographique.
La U.S. Securities and Exchange Commission enquêterait sur Celsius, tandis qu'un responsable de l'application des lois sur les valeurs mobilières au Texas a déclaré à Cointelegraph que les régulateurs de l'État - ainsi que d'autres en Alabama, au Kentucky, au New Jersey et à Washington - "examinent" le gel des retraits de la société.
Pendant ce temps, le président de la SEC, Gary Gensler, a mis en garde les investisseurs de jetons numériques contre les paris sur des actifs qui offrent des rendements "trop beaux pour être vrais".
L'effondrement du réseau Terra Luna a également conduit la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, à appeler à la réglementation, d'ici la fin de l'année, des stablecoins, ou actifs numériques dont la valeur est en théorie stabilisée par un ancrage à une autre monnaie ou à une marchandise.
De l'autre côté de l'Atlantique, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a affirmé que l'absence de réglementation permet aux marchés des crypto-monnaies de dissimuler, entre autres, des fraudes, des évaluations illégitimes et des "transactions criminelles". Les consommateurs, dit-elle, sont en danger.
En Asie, les autorités sud-coréennes disent avoir déjà ouvert une enquête sur la chute de Terra Luna.
À l'opposé, la Chine a interdit tous les échanges de crypto-monnaies et les fournisseurs de services l'année dernière, et ses critiques à l'égard du secteur n'ont fait que s'intensifier depuis. Dimanche, un éditorial du journal soutenu par l'État, le Quotidien du peuple, a accusé les crypto-monnaies privées d'être le "plus grand système de Ponzi de l'histoire humaine".
Bien entendu, personne ne sait à quoi ressemblera cette réglementation. Mais les suppressions d'emplois et les pertes financières s'accumulent, tout comme les litiges. Les procès liés aux pertes en crypto-monnaies commencent déjà à se multiplier. Il sera essentiel de disposer d'un cadre juridique solide pour étayer ces affaires.