par Francesco Canepa, Balazs Koranyi et Frank Siebelt
FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a demandé à des membres de ses équipes de se pencher sur la possibilité pour l'institut d'émission d'acheter des obligations d'entreprises à haut rendement dans le cadre de ses efforts pour protéger les économies de la zone euro des dégâts provoqués par la pandémie de coronavirus, a appris Reuters auprès de quatre sources.
Ajouter de la dette d'entreprises récemment dégradées en catégorie spéculative par les agences de notation à ses achats, dont le montant atteint déjà 1.100 milliards euros pour cette année, aiderait la BCE à baisser les coûts de financement pour les entreprises les plus touchées par la crise sanitaire.
Mais cela augmenterait également le risque de pertes en cas de défauts des émetteurs et pourrait valoir de nouvelles critiques à l'institution de Francfort, dont un programme d'achat de dette souveraine vient d'être jugé partiellement anticonstitutionnel par un tribunal allemand.
Des membres des équipes de la BCE ont été chargés d'étudier le pour et le contre d'éventuels achats de dette privée à haut rendement et de présenter leurs conclusions aux décideurs monétaires de la banque centrale, ont précisé les sources.
Un porte-parole de la BCE n'a pas souhaité commenter ces informations.
De nombreux décideurs de la BCE sont réticents mais une majorité pourrait se dégager sous la pression grandissante des marchés après la récente décision de la Réserve fédérale américaine, selon les sources.
La Fed a en effet annoncé le mois dernier qu'elle achèterait de la dette d'émetteurs ayant récemment quitté la catégorie investissement ("investment grade") pour atterrir dans l'univers du "high yield".
L'un des arguments en faveur d'achat de "high yield" par la BCE est le fait que le stock des obligations "investment grade", que la banque centrale peut déjà acheter dans le cadre de programmes existants, est appelé à se réduire, la récession pesant sur le bilan des entreprises, notamment dans des pays comme l'Italie.
La BCE accepte depuis le 7 avril de la dette d'entreprise à haut rendement en collatéral mais en acheter directement présente davantage de risques.
(version française Patrick Vignal, édité par Marine Pennetier)