par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard (PA:PERP) va continuer de faire évoluer sa gouvernance comme il l'a fait depuis l'arrivée de son PDG Alexandre Ricard et n'a pas attendu le fonds Elliott pour poursuivre ces changements, a déclaré vendredi le groupe de spiritueux français.
Cette mise au point intervient alors que des informations de presse ont fait état de prochains changements au conseil du groupe, faisant dire à certains observateurs, comme les analystes de Jefferies, que le fonds activiste américain aurait déjà réussi à obtenir une partie de ses demandes.
Le fonds dirigé par Paul Singer, qui a pris plus de 2,5% du capital du numéro deux mondial du secteur, lui demande plus de marges et des administrateurs à la fois plus indépendants et au profil plus international.
"Pernod Ricard n'a attendu personne pour s'inscrire dans une démarche d'amélioration permanente de sa gouvernance (...) et continuera d'annoncer, le moment venu, d'autres évolutions lorsqu'elles auront été effectivement proposées, débattues et adoptées par le conseil", a déclaré à Reuters vendredi un porte-parole du groupe français.
Le groupe, qui doit réunir son conseil d'administration le 23 janvier, pourrait ainsi entériner des modifications prévues bien avant l'arrivée du fonds américain à son capital le 7 novembre 2018.
"Depuis 2015, le conseil d'administration, sous l'impulsion de son président Alexandre Ricard, a créé un comité stratégique (...) et a fait entrer trois nouvelles administratrices indépendantes, renforçant ainsi les compétences du conseil sur les sujets digitaux, financiers, stratégiques et de gouvernance", a précisé le porte-parole.
Selon BFM Business, Pierre Pringuet, 68 ans, vice-président et ancien directeur général du groupe, devrait démissionner de sa fonction, tandis que Patricia Barbizet, ancienne dirigeante d'Artemis, holding de la famille Pinault (propriétaire de Kering (PA:PRTP)), devrait devenir administratrice référente.
CHANGEMENTS
Depuis sont arrivée en février 2015, Alexandre Ricard a remanié à la fois la gouvernance, les structures de direction et l'organisation de groupe pour le rendre plus efficace.
Le comité exécutif compte 40% de nouveaux membres et un tiers d'étrangers, tandis que le conseil a vu l'arrivée de trois nouveaux administrateurs, dont Patricia Barbizet, qui dirige par ailleurs le Haut comité de gouvernement d'entreprise (HCGE).
Pernod Ricard publiera ses résultats semestriels le 7 février et les analystes s'attendent à ce qu'il donne à cette occasion des indications sur la trajectoire de son nouveau plan stratégique baptisé "Transform & Accelerate".
Avec l'arrivée d'Elliott, ils estiment que le groupe devrait muscler les objectifs d'un plan déjà présenté en interne aux cadres dirigeants.
Les observateurs s'interrogent toutefois sur le calendrier du fonds activiste, alors que le titre Pernod Ricard a pris près de 40% au cours des trois dernières années, porté par le retour du groupe à une forte croissance organique.
Pour certains spécialistes de l'activisme, Elliott, conseillé par Alain Minc, pourrait avoir choisi sa première cible du CAC 40 en voulant faire la preuve de sa capacité à imposer des changements sans déstabiliser l'entreprise visée.
Les manoeuvres d'Elliott ont connu jusqu'ici des fortunes diverses. Le fonds est récemment parvenu à ravir à Vivendi (PA:VIV) le contrôle du conseil de Telecom Italia (MI:TLIT) en mai 2018, mais le titre de l'opérateur italien accuse une chute de 42% en Bourse depuis cette date.
Il a aussi poussé Whitbread (LON:WTB) à céder sa chaîne Costa Coffee mais a échoué, l'an dernier, à faire accepter par le néerlandais Akzo Nobel une offre hostile de l'américain PPG.
(Pascale Denis, édité par Benoît Van Overstraeten)