par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Rémy Cointreau (PA:RCOP) a vu ses résultats semestriels dopés par les ventes de son cognac Rémy Martin, dont la dynamique ne faiblit pas en Chine où le groupe s'attend à de très solides performances pour les cruciales fêtes du nouvel an.
Alors que la baisse du yuan, le ralentissement de l'économie chinoise et la guerre commerciale sino-américaine ont fait craindre un moindre appétit des classes moyennes-supérieures chinoises pour les produits de luxe, Rémy Cointreau a réaffirmé jeudi ne percevoir aucun ralentissement de la demande.
"Les éléments macro-économiques ne sont pas forcément très positifs (...) mais la Chine reste très dynamique avec des perspectives de moyen-long terme qui nous rassurent", a déclaré jeudi la directrice générale du groupe de spiritueux lors d'une conférence avec les analystes.
Le groupe "ne voit, à date, aucun ralentissement" dans le pays où il signe une croissance comprise entre 20% et 30%, a-t-elle ajouté, précisant que les "excellents" résultats du "mi-autumn festival" étaient de très bon augure pour les fêtes du nouvel an chinois.
Rémy Cointreau, engagé depuis trois ans dans une stratégie de montée en gamme, a dépassé les attentes grâce au succès de ses eaux-de-vie haut de gamme et de Louis XIII, son cognac de grand luxe vendu à plus de 2.500 euros la bouteille, qui ont fait l'objet d'investissements publicitaires accrus (+9%).
Pernod Ricard (PA:PERP), numéro un du cognac en Chine devant LVMH (PA:LVMH) (Hennessy) a lui aussi vu ses ventes de Martell décoller de près de 30% dans le pays au premier trimestre de son exercice décalé, tout en précisant que les tendances allaient se normaliser dans le courant de l'année.
Le groupe, également propriétaire de la liqueur Cointreau ou du rhum Mount Gay, a vu son résultat opérationnel courant (ROC) atteindre 138,0 millions d'euros au premier semestre clos le 30 septembre, en progression de 2,9% en données publiées, au lieu des 135 millions attendus par les analystes.
AMÉLIORATION DE LA RENTABILITÉ AU 2E SEMESTRE
A périmètre et taux de change constants, la hausse est ressortie à 10,1%, proche des 10,3% anticipés, tandis que la marge opérationnelle a progressé de 0,6 point à 24,1%.
Le directeur financier du groupe, Luca Marotta, a dit tabler sur une amélioration de la rentabilité au deuxième semestre et a confirmé être en phase avec le consensus des analystes anticipant une croissance d'environ 13,5% pour le résultat opérationnel courant de l'ensemble de l'exercice 2018-2019.
Ces chiffres ont été bien accueillis par le marché, le titre Rémy Cointreau prenant 0,67% à 104,8 euros à 13h12, alors que l'indice SBF120 recule de 0,49%.
La valeur se traite sur des multiples de 27,8 fois les bénéfices estimés pour 2019-2020, un niveau plus proche des valorisations du luxe que des vins et spiritueux, où Diageo (LON:DGE), leader mondial du secteur, se traite à 20,7 fois.
Repositionné exclusivement sur le segment haut de gamme, Rémy Cointreau s'est fixé pour objectif de réaliser plus de 60% de ses ventes dans les bouteilles à plus de 50 dollars à l'horizon 2019-2020, contre 51% aujourd'hui et 45% en 2015.
Son résultat net part du groupe a reculé de 4,3% (+6,2% à taux de change constants) et le résultat net hors éléments non récurrents a baissé de 3,1%, signant une croissance organique de 7,2%.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)