Investing.com - La semaine dernière, il a été signalé qu’un événement majeur était sur le point de se produire. Il s’avère qu’un tel événement s’est effectivement produit : jusqu’à 10 milliards de dollars de positions longues en cryptomonnaies ont été liquidées. Autrement dit, plus de 10 milliards de dollars de pression vendeuse sont venus de la part de traders qui avaient misé sur une hausse des prix et qui ont dû vendre lorsque les cours ont chuté. Ces chiffres n’incluent pas les liquidations DeFi ni les ventes au comptant réalisées par les mains faibles.
À l’heure actuelle, la cause de ces liquidations massives de positions longues est attribuée aux craintes liées aux tarifs douaniers de Trump, qui ont surpris les investisseurs — en particulier les tarifs sans précédent imposés au Canada et au Mexique. Pour rappel, ces tarifs ont été repoussés d’un mois à la suite de négociations tendues. Naturellement, cette décision suscite des inquiétudes quant à la possibilité d’un nouvel épisode de liquidations massives le mois prochain.
Dans l’intervalle, d’autres craintes concernent les tarifs restant à l’encontre de la Chine, ainsi que la réponse de celle-ci. Bien que cette réponse ait déjà eu lieu et soit apparemment symbolique, il est probable que l’essentiel des effets de ces tarifs sur le marché se soit déjà matérialisé. En effet, la réaction initiale était principalement motivée par le positionnement (notamment des positions longues sur la crypto avec trop de levier).
De la même manière que le débouclage du carry trade sur le yen ayant provoqué l’effondrement du marché crypto durant l’été, il est probable que les investisseurs aient ajusté leurs positions pour anticiper toute nouvelle crainte liée aux tarifs. Autrement dit, l’incertitude concernant de nouvelles menaces tarifaires est vraisemblablement déjà intégrée. Malgré cela, il apparaît clairement que les facteurs macroéconomiques sont aux commandes, et le prochain point d’attention est la publication de l’IPC ce mercredi.
C’est à ce moment que la situation devient intéressante. La raison principale de l’inflation élevée réside dans l’inflation liée aux services, en particulier les coûts de logement. Des indicateurs en temps réel, tels que les loyers, suggèrent que l’inflation liée au logement recule rapidement, et il est possible qu’elle ait chuté significativement en janvier du fait de la répression de l’immigration illégale par Trump. Les données en temps réel de Truflation semblent le confirmer.
Cela signifie qu’une surprise à la baisse de l’inflation est probable, ce qui serait haussier pour les marchés, car cela laisserait entrevoir de nouvelles baisses de taux. L’élément marquant dans cette situation réside dans la croyance largement partagée selon laquelle les tarifs de Trump conduiraient à davantage d’inflation, ce qui pousserait la Fed à maintenir ses taux, même si l’inflation faiblit en raison de craintes futures liées aux tarifs. Toutefois, des transcriptions de la Fed datant de 2019 indiquent que les tarifs de Trump pourraient produire l’effet inverse.
Il est par ailleurs fascinant de noter que ces transcriptions de 2019 ont été publiées le même jour que la réunion la plus récente de la Fed. Elles révèlent que les tarifs imposés par Trump en 2019 ont davantage contribué à freiner la croissance économique qu’à stimuler l’inflation. Cette observation s’explique par l’incertitude générée par les tarifs, qui provoque un recul de l’investissement et de l’activité économique.
Cela étant, les tarifs peuvent créer de l’inflation à court terme, dans la mesure où les entreprises et les consommateurs accumulent des stocks par crainte de l’entrée en vigueur de ces tarifs. Le problème est que cette accumulation aurait apparemment commencé dès l’élection de Trump en novembre. De la même façon que le positionnement des investisseurs face à la menace des tarifs, il est probable que la plupart des entreprises et des consommateurs qui voulaient se constituer des stocks l’aient déjà fait.
Il convient ensuite d’imaginer un scénario où les tarifs n’auraient pas l’impact anticipé par les acteurs économiques. Le résultat serait alors un inventaire important que les entreprises ne pourraient pas écouler aux prix élevés initialement prévus. Paradoxalement, cette situation pourrait se traduire par une baisse de l’inflation, car les prix de ces biens seraient réduits afin de liquider les stocks. Il demeure néanmoins essentiel de rappeler que la majeure partie de l’inflation provient des services.
Un dernier facteur mérite l’attention : le cadre macroéconomique idéal pour les marchés s’établit lorsque la croissance est molle, mais pas au point de provoquer une récession. Un tel contexte incite la Fed à assouplir sa politique monétaire sans affoler les marchés. Il importe également de souligner qu’une part conséquente de la croissance économique des États-Unis provient actuellement des dépenses publiques, lesquelles subissent des coupes rapides. L’économie pourrait s’affaiblir plus tôt que prévu, et un nouveau plan de relance pourrait être annoncé dès la prochaine réunion de la Fed.