PARIS (Reuters) - Le candidat à la mairie de Paris investi par La République en marche (LaRem) pour les municipales de mars, Benjamin Griveaux, s'est dit jeudi une nouvelle fois convaincu d'un rassemblement avec Cédric Villani, candidat dissident qui a assuré pour sa part vouloir aller "jusqu'au bout".
Prétendant malheureux à l'investiture de LaRem en juillet, fort d'une notoriété montante auprès des Parisiens, le mathématicien, élu de l'Essonne, s'est officiellement lancé mercredi soir dans la course pour ravir l'Hôtel de ville à la socialiste Anne Hidalgo.
Cette entrée en campagne complique singulièrement l'équation pour le parti présidentiel dans une ville emblématique où il a réalisé de bons scores aux élections présidentielle et législatives de 2017, raflant encore un tiers des suffrages aux européennes du 26 mai.
"C'était la fin d'un faux suspens, ce n'était pas vraiment une surprise", a réagi jeudi matin sur RTL Benjamin Griveaux. "Je n'ai qu'un regret, c'est qu'il avait pris l'engagement de soutenir celui ou celle qui serait choisi(e) par le mouvement LaRem pour porter nos couleurs à Paris. Il n'a pas tenu cette parole, je le regrette".
Tout en décochant au passage une flèche à son adversaire - "on ne s'improvise pas candidat à la mairie de Paris en quelques semaines" -, l'ancien porte-parole du gouvernement a une nouvelle fois tendu la main au chercheur entré en politique il y a deux ans et demi dans les pas d'Emmanuel Macron.
"Ma conviction, c'est que nous irons rassemblés", a estimé Benjamin Griveaux. "Je vais continuer à proposer des solutions très concrètes, et je suis certain que nous nous retrouverons avec Cédric Villani".
"LA RAISON L'EMPORTERA"
Une main tendue que Cédric Villani a sans surprise repoussée au lendemain de son entrée en lice dans un café du quartier de Montparnasse, assurant que son intention était qu'il y ait le 15 mars prochain un bulletin de vote à son nom.
"Je m'engage dans cette course pour aller jusqu'au bout", a-t-il dit sur BFM TV-RMC. "Nous avons eu (avec Benjamin Griveaux) quelques échanges sur diverses formules pour mener la campagne, tout pris en compte, j'ai estimé que la meilleure façon d'être fidèle à mes engagements et ce pourquoi je suis entré en politique, c'était ma déclaration hier".
"Je joue toujours collectif, je me lance dans une démarche libre, indépendante, précisément parce que je pense que c'est la démarche qui permet de rassembler", a-t-il ajouté. "C'est sûr qu'on ne s'improvise pas, et cette annonce de candidature hier a été préparée dans un très grand détail avec les équipes".
Malgré l'"engagement rompu", le délégué général de LaRem, Stanislas Guerini a confirmé mercredi soir que Cédric Villani ne serait pas exclu du parti.
"Je crois que par son choix, il s'est mis en marge de LaRem", a souligné Stanislas Guerini jeudi sur Europe 1. Le parti majoritaire redoute que l'initiative de Cédric Villani n'encourage d'autres dissidences.
L'espoir d'un rassemblement demeure toutefois pour Paris.
"Moi je souhaite qu'ils puissent s'unir, ce n'est jamais trop tard pour l'unité", a déclaré le ministre de l'Action et des Comptes publics et soutien de Benjamin Griveaux, Gérald Darmanin sur France 2. "Il y a six mois qui nous séparent des municipales, je sais que la raison l'emportera."
Selon une enquête Ifop commandée par l'équipe de Cédric Villani et publiée en juillet par l'Opinion, le député de l'Essonne était donné gagnant au second tour des municipales face à Anne Hidalgo (51% contre 49%) tandis que Benjamin Griveaux était donné battu (49% contre 51%).
(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)