TOKYO (Reuters) - Carlos Ghosn a pris un train à grande vitesse pour se rendre à Osaka, peut-être en compagnie d'autres personnes, lors de sa rocambolesque fuite du Japon vers le Liban, rapporte lundi l'agence de presse japonaise Kyodo.
Sur des images de vidéosurveillance, on peut voir l'ancien président de Renault (PA:RENA) et de Nissan (T:7201) quitter son appartement de Tokyo le 29 décembre vers 14h30 (05h30 GMT) puis arriver quelques heures plus tard à la gare de Shinagawa, toujours dans la capitale japonaise, où il est monté dans un train à destination d'Osaka, selon Kyodo, qui cite une personne au fait du dossier.
L'ex-patron de l'alliance s'est ensuite rendu en voiture à l'aéroport du Kansai, dans la baie d'Osaka, où il a pris un jet privé à 23h10, poursuit l'agence. L'avion loué à une compagnie privée a gagné la Turquie.
Le régime de liberté sous caution imposé à Carlos Ghosn, qui possède les nationalités libanaise, brésilienne et française, lui interdisait de quitter le sol japonais dans l'attente de son procès pour malversations financières.
Sur BFM TV lundi, le ministre français des Affaires étrangères a déclaré qu'à sa connaissance, Carlos Ghosn n'avait pas utilisé de documents de voyage français pour se rendre au Liban.
"Pour l'instant, il n'a pas demandé à venir en France. S'il vient en France, ce sera à la justice française d'étudier son cas mais, pour l'instant, cette question ne se pose pas", a ajouté Jean-Yves Le Drian.
MANDAT D'ARRÊT D'INTERPOL
Dans un communiqué publié le 31 décembre, peu après son arrivée au Liban, Carlos Ghosn dit avoir fui au Japon un système judiciaire "partial".
Les enquêteurs tentent désormais de retracer son itinéraire exact et d'identifier d'éventuels complices, précise Kyodo.
La ministre japonaise de la Justice, Masako Mori, a déclaré lundi que rien, en théorie, n'empêchait Tokyo de demander que lui soit livré un suspect réfugié dans un pays avec lequel Tokyo n'a signé aucun accord d'extradition - c'est le cas du Liban.
Une telle requête devrait comporter une "garantie de réciprocité et du respect de la loi du pays partenaire", a ajouté Masako Mori, sans plus de précisions.
Le Liban a fait savoir qu'il avait reçu d'Interpol un mandat d'arrêt mais celui-ci a peu de chances d'aboutir à une extradition dans la mesure où, comme le souligne un haut responsable des forces de sécurité libanaise, le pays n'extrade jamais ses ressortissants.
Arrêté en novembre 2018 et accusé de malversations financières lorsqu'il était à la tête de Nissan, Carlos Ghosn dément ces charges.
(Kiyoshi Takenaka et Kevin Buckland, version française Simon Carraud et Jean-Philippe Lefief, édité par Jean-Stéphane Brosse)