"Le grand débat est faussé": la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) Chantal Jouanno a vertement critiqué vendredi la méthode choisie par le gouvernement, propice selon elle à une "opération de communication".
Chantal Jouanno s'était retirée début janvier de l'organisation du grand débat, en raison d'une polémique sur son salaire, et avait ensuite déclaré la fin de mission de la CNDP avec la publication le 14 janvier d'un rapport déconseillant de fixer des "lignes rouges".
La plateforme internet préparée par la CNDP "était prête, sauf qu'en fait, ils ont tout refait", a raconté Mme Jouanno sur LCI. "On n'avait pas prévu de faire une opération de communication mais un grand débat, donc on avait prévu de faire une plateforme numérique totalement ouverte, (...) où tout le monde pouvait échanger sur n'importe quel sujet".
Selon elle, "le grand débat est faussé": "Nous n'avions pas voulu que le grand débat se résume à un questionnaire sur quatre thèmes, nous avions dit (au gouvernement) +Aujourd'hui le grand débat se limite pour vous à la possibilité de ne débattre que des quatre thèmes et de ne répondre qu'aux questions qui sont posées par le gouvernement+, ce n'est pas ça un grand débat", a regretté Mme Jouanno.
"Le principe d'un débat public, ce n'est pas de poser des questions aux Français, c'est les Français qui vous posent des questions, c'est eux qui s'expriment, c'est eux qui disent ce qui leur tient à coeur", a-t-elle souligné.
Le grand débat actuellement mené par le gouvernement est à ses yeux une "consultation": "C'est un autre exercice, où vous choisissez les questions, qui sont forcément orientées, forcément il y a toujours des biais dans les questions que vous posez. Là par exemple, si vous voulez travailler sur la question du travailleur pauvre et du pouvoir d'achat, il n'y a aucune question qui porte sur ce sujet".
Emmanuel Macron a défendu ses choix plusieurs heures devant des maires à trois reprises depuis le début du grand débat, à Grand-Bourgtheroulde (Eure), Souillac (Lot) et Valence (Drôme). Après ce dernier rendez-vous, jeudi, le président s'est invité dans la commune proche de Bourg-de-Péage à un débat-citoyen avec des "gilets jaunes".