Le ministre des Finances du Zimbabwe, Mthuli Ncube, s'est dit mardi "déterminé" à poursuivre le programme des réformes, malgré la fronde meurtrière contre la hausse des prix du pétrole, dans un entretien à l'AFP à Davos (Suisse).
"Le programme de réformes économiques est très important et nous sommes déterminés à le mener jusqu'au bout", a-t-il expliqué en marge du Forum économique mondial. Les troubles "font partie des douleurs" qu'engendrent "le programme de réforme".
Le Zimbabwe a été secoué la semaine dernière par de violentes manifestations contre la hausse spectaculaire (+150%) des prix des carburants ordonnée par le gouvernement, dans un pays étranglé par deux décennies de crise économique, contraignant le président Emmerson Mnangagwa à annuler son déplacement à Davos pour rentrer directement à Harare après des visites en Russie et au Kazakhstan.
Les affrontements ont fait au moins 12 morts et 78 blessés par balles, selon le Forum des ONG des droits humains au Zimbabwe. Plus de 600 personnes ont été arrêtées depuis le début de la fronde.
"La vérité, c'est que nous avons vécu vingt années de décomposition économique et que nous sommes déterminés à réparer l'économie pour mener le Zimbabwe à un niveau supérieur", a affirmé le ministre.
Le plan de réformes économiques avait été adopté après le renversement de Robert Mugabe il y a 14 mois.
Le nouveau chef de l'Etat, un ancien proche de l'ex-président tombé en disgrâce, avait brièvement suscité l'espoir en prenant le pouvoir fin 2017. Il avait promis "un nouveau chemin" pour le pays après des années de crise économique et de répression.
En août dernier, la mort de 6 civils tués par balle par les forces de l'ordre lors de manifestations post-électorales avait sonné la fin de la lune de miel.
Si le président a promis une enquête, aucune sanction n'a été prise à ce jour contre les militaires qui avaient ouvert le feu.
- Programme de privatisations -
La répression des derniers jours est considérée comme la plus brutale depuis les violences ordonnées par le régime Mugabe contre ses opposants lors de la présidentielle de 2008. Elles s'étaient soldées par plus de 200 morts.
A son retour à Harare, M. Mnangagwa a tenté de tourner la page sur les récents affrontements en lançant un appel au dialogue à l'opposition, qui l'a aussitôt refusé en exigeant la fin de la répression.
"Les investisseurs comprennent que le Zimbabwe traverse une période troublée, mais c'est nécessaire pour nous assurer que les réformes sont menées", a assuré son ministre des Finances.
"Le Zimbabwe est ouvert au commerce", a-t-il expliqué, qualifiant de "positives" les différentes rencontres qu'il a maintenues à Davos avec des chefs d'entreprises.
"Il y a des opportunités incroyables au Zimbabwe en ce moment avec les privatisations", a expliqué M. Ncube, précisant que 11 entreprises publiques sont prêtes pour des investissements privés, notamment dans les communications et les banques publiques.
Son programme de réformes inclut celle de la monnaie nationale frappée par l'hyper-inflation qui a caractérisé la présidence de Mugabe et qui a dévalorisé les économies de ses habitants.