Les tarifs d'EDF augmentent bien de 5% en moyenne pour les particuliers ce jeudi 1er août, comme le prévoit un arrêté du gouvernement paru mercredi, qui confirme aussi la perspective d'une hausse d'ampleur similaire en 2014.
Toutefois, en vertu des barèmes publiés au Journal officiel, les clients disposant de contrats de petite puissance subiront des augmentations plus faibles. Certains d'entre eux verront même leur facture baisser grâce à une réduction de l'abonnement qu'ils payent à EDF, conformément à la promesse faite début juillet par le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Philippe Martin.
D'après un avis du régulateur du secteur, la Commission de régulation de l'énergie (CRE), publié simultanément au Journal officiel, "près de deux millions de sites (clients, ndlr) connaîtront une baisse de leur facture" et "la très grande majorité" des 17 millions de petits consommateurs "subira une augmentation inférieure à la hausse moyenne de 5%".
Quand aux autres catégories de clients (entreprises, collectivités...), ils seront globalement mieux lotis, avec une hausse de 2,3% en moyenne pour les tarifs dits "jaunes", et une stabilité pour les "verts", réservés aux très gros consommateurs de courant, comme les industriels.
En outre, l'arrêté prévoit que les tarifs bleus seront de nouveau "augmentés de 5% en moyenne à compter du 1er août 2014", comme le gouvernement s'y était engagé.
Opportunité pour la concurrence
Cette nouvelle grille de tarifs concerne la majorité écrasante de la population. En effet, 93% des ménages et 87% des clients d'autres catégories restent abonnés aux tarifs réglementés proposés par EDF et une poignée de fournisseurs historiques locaux.
L'augmentation des tarifs d'EDF, la plus élevée depuis une décennie, pourrait faire les choux gras de ses concurrents. Le plus gros d'entre eux, GDF Suez, a d'ailleurs profité de l'occasion pour vanter dès mardi ses offres à prix bloqués pendant deux ans.
La hausse des tarifs de l'électricité (à laquelle s'ajoutera une hausse d'une des taxes prélevée sur les factures de courant, la CSPE, début 2014), vise à couvrir une progression nettement supérieure à l'inflation des coûts de production et de commercialisation d'EDF. Notamment ses dépenses croissantes pour entretenir et renforcer la sûreté du parc nucléaire hexagonal, mis en service entre 1975 et 1995.
La CRE avait estimé en juin que les coûts de l'électricien historique avaient augmenté entre 2007 et 2012 de 5,1% par an en moyenne pour les charges fixes et variables, de 2,9% pour les charges de capital, et de 6,3% pour les coûts commerciaux. Alors que sur cette période, l'inflation était en moyenne inférieure à 2% par an.
Le gouvernement, tout en refusant d'augmenter les prix de l'électricité aussi fortement que le proposait le régulateur, s'était dit déterminé à "remettre les choses en ordre", mais a préféré étaler la hausse dans le temps et faire un geste en direction des petits consommateurs, compte tenu d'un contexte économique et social déjà difficile.
Enfin, si l'arrêté publié mercredi ne prévoit pas de hausse pour 2015 (contrairement à un projet d'arrêté que l'AFP s'était procuré en juillet, qui mentionnait une 3e augmentation de 5%), le gouvernement a d'ores et déjà laissé entendre que le relèvement des tarifs d'EDF risquait de se poursuivre cette année-là.
La CRE a émis un avis partagé sur cette révision des tarifs d'EDF. Sans surprise, elle constate que la hausse accordée à l'électricien ne suffit pas à couvrir tous ses coûts.
Mais dans le même temps, elle estime que ses concurrents devraient être en mesure de proposer des offres compétitives dans certains cas, et que la perspective d'une nouvelle hausse de 5% en 2014 "donne une meilleure visibilité" aux consommateurs, et "témoigne de la volonté des pouvoirs publics d'aller vers une meilleure couverture des coûts" d'EDF.
Le gaz, quant à lui, dont les tarifs sont révisés tous les mois, baissera de 0,45% en moyenne jeudi, et de 0,1% à 0,3% pour les particuliers.