Hausse automatique ou "coup de pouce" ? Le gouvernement révèle ce lundi le niveau de revalorisation du Smic au 1er janvier, alors qu'un front syndical réclame un geste après trois années de hausses minimes.
Le ministère du Travail, qui n'a donné aucune indication sur ses intentions, annoncera officiellement sa décision lundi matin lors d'une réunion de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), qui réunit des représentants des partenaires sociaux.
Le salaire minimum s'élève aujourd'hui à 1.457,52 euros bruts mensuels (9,61 euros de l'heure) et 1.136,72 euros nets. Lors de sa dernière revalorisation, au 1er janvier 2015, le Smic avait augmenté de 0,8%, soit huit euros nets mensuels.
Le gouvernement n'a plus accordé de "coup de pouce" au Smic depuis le 1er juillet 2012. Au lendemain de l'élection de François Hollande, le salaire minimum avait été revalorisé de 2%, au lieu de 1,4%.
Depuis, l'exécutif a toujours suivi les recommandations du groupe d'experts sur le Smic, consulté avant chaque hausse annuelle. Le groupe a toujours plaidé contre tout "coup de pouce" et cette année encore, l'instance consultative composée d'économistes s'y est déclarée défavorable.
"La situation économique est en amélioration" mais "le futur reste encore très incertain", écrivent les experts, qui estiment que "ce n'est pas le moment d'ajouter à l'incertitude en cherchant à accélérer dès à présent la hausse des salaires".
"Dans ces conditions, s'en tenir à l'indexation légale du Smic (...) semble le plus raisonnable", concluent-ils.
- Beaucoup de monde au Smic -
En l'absence de "coup de pouce", le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, qui correspond à la somme du taux d'inflation hors tabac pour les 20% de ménages les plus modestes et de la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).
Selon les calculs de l'AFP, cette hausse mécanique s'élèverait cette année à +0,5%, un taux confirmé par les experts de Force ouvrière.
Mais un front syndical, composé de la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, s'est formé pour demander que le gouvernement aille au-delà.
Le cégétiste Pascal Debay plaide pour un "appel d'air salarial", tandis que Marie-Alice Médeuf-Andrieu (FO) juge un "coup de pouce" nécessaire afin de "relancer la consommation pour relancer la croissance". Leurs deux syndicats souhaitent qu'à terme le Smic soit porté à plus de 1.700 euros bruts mensuels.
La CFTC veut que s'engage "dès 2016 une réflexion de fond" devant mener à un "changement de calcul" et à l'instauration d'un "revenu de dignité".
A contre-courant des autres syndicats, la CFDT, qui "est plus préoccupée par le fait qu'il y ait beaucoup de monde au Smic que par le niveau du Smic", ne va pas demander de "coup de pouce", a annoncé Véronique Descacq.