Deutsche Bank a annoncé mardi renoncer à son objectif d'un bénéfice opérationnel record de 10 milliards d'euros en 2011 en raison de la crise de la dette en zone euro et vouloir lancer un nouveau plan d'économies dans sa division de banque d'investissement.
Deutsche Bank enterre ainsi officiellement sa prévision ambitieuse annoncée en 2009, qui semblait de plus en plus comme une mission impossible depuis cet été avec la nouvelle aggravation de la crise de la dette et la chute de la confiance sur les marchés financiers.
Ces derniers mois, le groupe avait multiplié les signes annonciateurs d'un prochain abandon de son objectif, et les analystes n'y croyaient plus depuis longtemps.
Son patron Josef Ackermann avait ainsi tenu début septembre des propos pessimistes sur les perspectives de revenus des banques en Europe, et avait affolé les marchés en déclarant que la situation actuelle lui rappelait la crise financière de l'automne 2008.
Fin juillet, M. Ackermann avait aussi déjà prévenu qu'il serait "difficile" pour la division de banque d'investissement d'atteindre son propre objectif de résultat annuel de 6,4 milliards d'euros.
"J'imagine bien que cela aurait plu à M. Ackermann de terminer son mandat avec un record historique pour le groupe, en dépit de la crise", a déclaré à l'AFP l'analyste Konrad Becker de Merck Finck. Le Suisse compte glisser à la présidence du conseil de surveillance du groupe au printemps 2012.
Mais "ce n'est pas une défaite" pour M. Ackermann, a estimé M. Becker. "On ne parle pas d'une perte mais simplement de prévisions de résultats révisées à la baisse".
Le groupe a d'ailleurs assuré qu'il attendait un niveau de revenus "solide" en 2011 et qu'il resterait bénéficiaire au troisième trimestre malgré de nouvelles dépréciations sur ses titres de dette publique grecque, qu'il continue d'enregistrer à leur valeur de marché.
Deutsche Bank a passé pour environ 250 millions d'euros de dépréciations sur ses obligations publiques grecques, après 155 millions d'euros au deuxième trimestre. Son exposition nette à l'Etat grec totalise désormais 900 millions d'euros, en incluant sa filiale Postbank.
Les résultats dans la banque d'investissement, la principale division du groupe, se sont révélés "nettement moins importants que prévu" au troisième trimestre, à cause notamment d'un "ralentissement significatif" de l'activité de ses clients, selon le communiqué.
En conséquence, Deutsche Bank va supprimer environ 500 postes dans un segment spécifique de cette division entre fin 2011 et début 2012, principalement à la City de Londres, d'où le groupe pilote ces activités étroitement dépendantes de l'humeur des marchés financiers.
Un porte-parole de Deutsche Bank n'était pas en mesure de dire sous quelle forme ces suppressions de postes allaient avoir lieu mais a estimé que leur ampleur était "limitée", concernant 5% environ des effectifs de la banque d'investissement.
A titre de comparaison, la banque suisse UBS, grande rivale de Deutsche Bank, avait annoncé fin août la suppression de 3.500 emplois dans toutes ses divisions.
"La question est de savoir si cela suffira pour Deutsche Bank", estime toutefois Konrad Becker, qui n'exclut pas de nouvelles mesures d'économies au cours des trimestres à venir si la situation ne s'améliore pas en zone euro.
"Beaucoup de gens doutent que la zone euro va réussir à s'en sortir", a déclaré M. Ackermann mardi lors d'une présentation à Londres, avant d'affirmer: "Oui, nous allons nous en sortir, mais cela prendra beaucoup plus de temps que prévu".
A la Bourse de Francfort l'action Deutsche Bank était particulièrement en difficulté, perdant plus de 7% à 24 euros vers 11H56 GMT, dans un indice Dax en baisse de près de 4%. Mais le titre est nettement dans le rouge depuis plusieurs séances.