Après avoir repoussé une tentative de putsch de son prédécesseur à la tête de Veolia Environnement Henri Proglio, le PDG du groupe de services aux collectivités Antoine Frérot a assis son pouvoir jeudi, en faisant sortir du conseil deux administrateurs proches du patron d'EDF.
"Le conseil exprime ses plus vifs remerciements pour leur engagement et la qualité de leur travail comme administrateurs de Veolia Environnement à Mme Esther Koplowitz et à M. Jean-François Dehecq", indique Veolia dans un communiqué.
Une façon polie de signifier que le conseil a décidé de ne plus laisser la femme d'affaires espagnole et l'ancien patron de Sanofi siéger dans l'instance qui détermine l'orientation stratégique du groupe.
Le conseil d'administration de Veolia s'est réuni jeudi matin pour examiner l'expiration du mandat de quatre de ses quinze administrateurs et décider s'il fallait les renouveler ou en proposer d'autres aux votes des actionnaires à la prochaine assemblée générale du 16 mai.
D'habitude sujet assez ordinaire de la vie d'une entreprise, le renouvellement de ses mandats a pris chez Veolia une tournure stratégique particulière, après l'ébruitement dans la presse il y a trois semaines d'une tentative de Henri Proglio, devenu simple administrateur de Veolia, de faire débarquer par le conseil d'administration Antoine Frérot pour le remplacer par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo.
Devant le tollé public provoqué par ce projet, l'idée n'a même pas été soumise au vote des administrateurs, qui ont préféré calmer le jeu et renouvelé le 29 février "à une large majorité" leur confiance à Antoine Frérot.
Mais ce vote ne s'était pas fait à l'unanimité. Personne n'avait voté contre le PDG, mais plusieurs s'étaient abstenus, montrant de facto leur appartenance au camp Proglio. Selon plusieurs titres de presse, ces abstentionnistes étaient, outre évidemment Henri Proglio, Esther Koplowitz, Jean-François Dehecq et Georges Ralli. Trois administrateurs dont le mandat arrivait justement à échéance.
Au final, seul Georges Ralli, banquier de Lazard, a sauvé sa place en étant proposé comme administrateur représentant de Groupama, actionnaire à hauteur de 5,7% de Veolia.
Esther Koplowitz aurait pu compter sur le fait qu'elle était la seule femme de ce conseil, entièrement mis en place du temps où Proglio était PDG de Veolia.
Mais, au final, la féminisation de l'instance sera accentuée par l'arrivée de Maryse Aulagnon, PDG de la foncière Affine, et de Nathalie Rachou, gérante de Topiary Finance.
Le patron de l'équipementier automobile Valeo, Jacques Aschenbroich, doit aussi faire son entrée au conseil, tout comme Olivier Mareuse, le directeur des finances de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), en remplacement d'Augustin de Romanet.
Par ailleurs, malgré son âge 85 ans, Serge Michel est le seul à voir son mandat renouvelé.
Cette recomposition du conseil d'administration laisse une marge de manoeuvre plus grande à Antoine Frérot pour poursuivre son vaste plan de restructuration de Veolia, tant contesté par Henri Proglio.
S'il a en partie rassuré début mars en annonçant des négociations exclusives pour vendre son activité de transports publics, Antoine Frérot pourrait de nouveau être contesté, après l'élection présidentielle, en cas de non-redressement durable des résultats du groupe et du cours de Bourse.
Après une année 2011 catastrophique, l'action Veolia est bien remontée depuis le début de l'année, regagnant plus de 40%. A 14H41, elle progressait de 0,87% à 12,11 euros à la Bourse de Paris.