La Grèce est de nouveau sous le feu des projecteurs, avec un deuxième vote crucial jeudi au Parlement sur la loi d'application du nouveau plan d'austérité, tandis qu'une polémique a éclaté sur la tactique policière à Athènes durant les protestations contre la rigueur.
Le vote au Parlement grec a débuté jeudi à 13H00 GMT. Le vote se déroule dans le cadre d'une procédure d'urgence qui limite la durée des débats.
Après l'adoption du plan de rigueur draconien mercredi, aussitôt salué par l'Union européenne qui craint une contagion de la crise grecque à d'autres pays de la zone euro, les députés doivent décider dans le détail jeudi après-midi des mesures d'économies et privatisations à engager en Grèce au cours des quatre ans à venir.
La loi propose les moyens de parvenir à réaliser 28,4 milliards d'euros d'économies budgétaires en cinq ans, et d'engager pour 50 milliards de privatisations.
Les députés doivent procéder au vote en procédure d'urgence vers 14H00 locales (11H00 GMT). Le gouvernement ne dispose plus que de quatre voix de majorité après la défection d'un député socialiste qui a voté contre le plan d'austérité mercredi.
L'opposition de droite, qui a voté contre la loi-cadre mercredi, s'est cette fois déclarée en faveur des chapitres du texte concernant privatisations et baisses des dépenses publiques, mais a maintenu son refus de soutenir le volet fiscal frappant de plein fouet la classe moyenne.
L'adoption de ce deuxième texte ouvrira la voie à la poursuite du soutien financier de l'UE et du FMI à Athènes, levant au moins temporairement l'hypothèque d'un défaut de paiement susceptible de faire exploser la zone euro, à commencer par l'Espagne et l'Italie.
Jeudi, le climat social s'est légèrement détendu en Grèce avec la fin de la grève générale de 48 heures des syndicats et la levée du mot d'ordre de coupures d'électricité aléatoires pratiquées depuis plusieurs jours par les salariés du groupe Electricité de Grèce (DEI) pour protester contre la privatisation, prévue dans le plan, de leur groupe.
Seuls les bateaux au départ de la région d'Athènes restaient à quai jeudi, à la suite d'un mot d'ordre de grève lancé pour la journée par la Fédération panhellénique des marins.
Les rues d'Athènes restaient toutefois soumises à un asphyxiant bouclage policier, après les violents affrontements de la veille entre groupes de jeunes cagoulés et forces de l'ordre qui se sont poursuivies tard dans la nuit, envoyant plus de 100 personnes à l'hopital pour de premiers soins.
Sur la place centrale de Syndagma, l'air restait suffoquant à la mi-journée, encore chargé des gaz irritants massivement utilisés par la police.
Amnesty International a dénoncé dans un communiqué un usage excessif de la force par la police.
"La police a un devoir d'arrêter la violence (...) mais doit s'assurer que l'usage de la force est proportionné et dirigé seulement sur les manifestants violents" a relevé l'organisation, critiquant également "l'usage disproportionné et indicriminé des gaz lacrymogènes et autres produits chimiques contre des manifestants largement pacifiques".
Parmi les violences relevées mercredi par certains médias, deux agences bancaires ont été saccagées en toute impunité pendant 45 minutes par un groupe de casseurs, alors que les rues adjacentes regorgeaient de forces de l'ordre.
Le gouvernement a par ailleurs ordonné une enquête sur des images vidéo diffusées mercredi soir par la télévision privée Alter, montrant des hommes des forces anti-émeutes collaborant avec des inconnus encagoulés, sortis des rangs de manifestants violents, pour disperser d'autres protestataires.
Selon une source policière, ces images ont été tournées mardi, lors d'affrontements entre des anarchistes et des syndicalistes d'extrême-droite soutenus par des policiers en marge d'une manifestation des chauffeurs de bus urbains.