Quelques jours avant Noël, le géant américain de l'internet Amazon (NASDAQ:AMZN) a débarqué mardi en Australie où le secteur de la vente au détail, redoutant un séisme, tente de baisser les coûts et d'augmenter son offre en ligne.
L'arrivée dans le vaste pays-continent du mastodonte, ancien vendeur de livres en ligne devenu l'une des plus grosses entreprises du monde, menace un marché déjà poussif en raison de la frilosité des consommateurs et de la faiblesse de la croissance des salaires.
Amazon propose aux consommateurs des "millions" de produits de marques australiennes populaires, tandis que des PME australiennes sont présentes sur Amazon Marketplace, qui permet à d'autres distributeurs de vendre sur le site du géant américain.
Son dépôt est à Melbourne.
La vente en ligne ne représente qu'entre 8 et 13% des ventes totales en Australie, ce qui signifie un potentiel de croissance estimé à plus de 300 milliards de dollars australiens annuels (192 milliards d'euros).
"Nous pensons que l'arrivée d'Amazon en Australie sera vraisemblablement un succès", ont déclaré des analystes d'UBS. L'Australie "est un marché attractif où la vente en ligne est sous-représentée".
Les appareils électroménagers et les cosmétiques figurent parmi les catégories qui devraient souffrir le plus, ajoutent-ils.
D'après Kim Do, analyste chez IBISWorld, il est vraisemblable que le géant américain absorbe ses pertes initiales et accroisse ses parts de marchés, aux dépens de la rentabilité et des marges de ses concurrents.
Plusieurs entreprises australiennes de premier plan ont d'ores et déjà succombé à la pression de géants étrangers comme le japonais Uniqlo ou le français Sephora tandis que d'autres ont dû resserrer leur réseau de magasins physiques.
- Pas une partie de campagne -
Malgré tout, l'Association australienne de la vente au détail a salué le changement par la voix de son directeur général Russel Zimmerman, qui préfère souligner qu'Amazon offre une nouvelle plateforme pour vendre leurs produits.
"Avec plus de 300 usagers actifs déjà présents sur Marketplace, la majorité des détaillants australiens le voient comme un canal supplémentaire pour leurs produits".
Tout ne sera pas rose pour l'américain, préviennent également certains analystes, qui évoquent un accès aléatoire au haut débit et la taille même de l'Australie.
"L'un des facteurs clé qui explique que l'Australie est à la traîne des autres pays (pour développer le e-commerce) c'est la faiblesse de l'accès au haut débit", dit le cabinet BMI Research.
Les abonnements au haut débit sont de 57,3 pour 100 personnes, et devraient atteindre 60 en 2021, quand à Singapour le chiffre sera à cette date de 75,3, souligne BMI.
"Les délais allongés de livraison dus à la taille géographique du pays, et les coûts de livraison plus élevés qui s'ensuivent, ne sont pas de bon augure pour le succès d'une société de e-commerce".
Pour le spécialiste Brian Walker, l'américain "n'a des retours positifs" que dans un tiers des pays étrangers où il est présent. "Le reste en est à des degrés divers de développement. C'est ça, Amazon. Ils vont mettre entre deux et cinq ans pour gagner en importance", a-t-il dit à l'AFP.
Né à Seattle en 1995, Amazon n'a cessé depuis de se diversifier. Il est présent dans de multiples catégories de la vente en ligne mais aussi les supermarchés bio, les hauts-parleurs connectés, la musique et les films en streaming, les liseuses électroniques et le "cloud" ((stockage et hébergement de services web dématérialisé).
C'est l'une des entreprises les plus profitables de la planète au côté des géants américains de la technologie comme Apple (NASDAQ:AAPL), Facebook (NASDAQ:FB) et Alphabet, maison mère de Google (NASDAQ:GOOGL), dégageant un bénéfice de 256 millions de dollars au troisième trimestre.