par Jonathan Cable
LONDRES (Reuters) - L'économie britannique devrait afficher une croissance régulière et solide en 2016 mais ses perspectives vont rester exposées à la menace du "Brexit", l'éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne après le référendum promis par David Cameron, montre mercredi une enquête de Reuters.
Le Premier ministre s'est engagé à ce que le scrutin sur l'appartenance à l'UE se tienne d'ici la fin 2017 et l'incertitude sur l'issue du vote est considérée par les économistes et analystes interrogés comme le principal risque pesant sur l'économie britannique au cours de l'année à venir.
"Le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE va considérablement augmenter l'incertitude des affaires et peser sur l'investissement des entreprises", estime ainsi Daniel Vernazza, d'UniCredit.
Si les derniers sondages en date donnent une courte majorité aux partisans d'une sortie du pays de l'UE, l'issue du référendum est plus qu'incertaine. David Cameron, qui a dit souhaiter le maintien de la Grande-Bretagne dans une Union réformée, doit négocier ces réformes avec le reste des Etats membres et les institutions communautaires.
L'agence de notation Moody's a estimé le mois dernier qu'une sortie de l'UE nuirait au commerce et à l'investissement britanniques au point de représenter un risque potentiel pour la note souveraine du pays.
La Banque d'Angleterre (BoE), elle, n'a pas pris parti dans le débat même si son gouverneur, Mark Carney, a déclaré en octobre que l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne avait contribué au dynamisme de son économie ces 40 dernières années.
REMONTÉE LENTE ET PROGRESSIVE DES TAUX EN VUE
En dehors de ce dossier, les coupes dans la dépense publique et le ralentissement de la hausse des salaires constituent d'autres risques potentiels, expliquent les économistes interrogés.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) britannique devrait avoisiner 0,5% à 0,6% sur chacun des trimestres de 2016 et l'inflation, actuellement proche de zéro, devrait remonter progressivement, l'effet de la chute des cours du pétrole disparaissant progressivement de la base de calcul.
Dans ce contexte, pour les économistes et les investisseurs, la question clé reste le moment que choisira la BoE pour commencer à relever son taux directeur.
Fixé à 0,5%, son plus bas niveau historique, depuis début 2009, celui-ci devrait remonter de 25 points de base au plus tôt en avril prochain, estiment-ils.
Aucun des 42 économistes interrogés n'a dit s'attendre à une modification de la politique monétaire à l'issue de la réunion de ce jeudi.
Les marchés, eux, intègrent une première hausse autour du mois d'août.
La majorité des économistes ayant répondu à une autre question sur l'évolution des taux après la première hausse ont estimé qu'elle devrait s'aligner sur celle de la Réserve fédérale américaine.
"La trajectoire de hausse des taux de la Fed et celle de la Banque d'Angleterre devraient être similaires, c'est à dire à la fois limitées et progressives", explique Thomas Bloomfield, de 4CAST.
Ainsi, après une hausse au deuxième trimestre, la BoE attendrait les derniers mois de 2016 pour relever de nouveau d'un quart de point son taux directeur. Celui-ci n'atteindrait que 1,75% fin 2017 et 2% fin 2018, selon les prévisions recueillies lors de l'enquête.
(Marc Angrand pour le service français)