Tous les yeux seront braqués jeudi en début d'après-midi sur la Banque centrale européenne (BCE) qui a soulevé des attentes énormes de la part des marchés sur une action d'envergure.
Ces espoirs ont été suscités par les propos la semaine dernière de son président Mario Draghi, qui s'est dit "prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro".
Une promesse relayée par la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Mario Monti, dans un contexte d'envolée des taux d'emprunt espagnols menaçant sa capacité de se refinancer et de crainte de contagion à l'Italie.
Ces annonces ont rassuré les marchés financiers, mais il s'agit désormais de passer à l'acte, notamment pour la BCE.
Deux principales hypothèses ont été soulevées: que la BCE reprenne ses achats d'obligations publiques des pays en difficulté sur le marché secondaire, celui de la revente (programme SMP), à l'arrêt depuis plus de quatre mois; que la BCE et le fonds provisoire de secours européen, le FESF, agissent de concert, toujours sur le marché de la dette.
Or le programme SMP, adopté en mai 2010 à l'insistance des dirigeants européens, se heurte à l'opposition ferme et publique de la banque centrale allemande qui y voit une manière détournée de financer les déficits publics, ce qui est interdit par les statuts de la BCE.
Quant à l'alliance avec le FESF, elle pourrait passer par l'octroi d'une licence bancaire qui lui permettrait d'emprunter auprès de la BCE et d'augmenter considérablement ses moyens actuellement limités. Mais là encore, la Bundesbank dit non, pour les mêmes raisons.
Quant au gouvernement allemand, il est également opposé à cette dernière éventualité, défendue en revanche par la France et l'Italie.
Ces prises de position ne laissent pas présager d'annonce fracassante de la part de M. Draghi, estiment nombre d'économistes. D'autant que l'Espagne n'a ni le besoin ni l'envie pour le moment de faire appel à l'aide du FESF, condition pour qu'il intervienne, pour ne pas avoir à se plier au programme de réformes qui lui serait imposé en échange.
Il devra toutefois "donner quelque chose", estime Carsten Brzeski, de la banque ING, qui envisage un peu de rachat d'obligations, de nouvelles mesures pour tenter de stimuler le crédit ou un nouveau prêt sur trois ans aux banques après ceux de décembre et février.
Il estime aussi possible une nouvelle baisse du principal taux d'intérêt directeur, fixé à 0,75% en juillet, soit son plus bas niveau historique. Mais il est bien l'un des seuls à l'évoquer. "L'Allemagne n'a pas besoin d'une baisse de taux (pas encore en tout cas) et une baisse de taux ne sauvera pas l'Espagne", estime ainsi Richard Barwell de RBS.