L'euro reculait encore face au dollar jeudi, toujours plombé par les inquiétudes sur la vigueur de l'économie de la zone euro au lendemain de l'annonce de la baisse des prix dans la région en décembre.
Vers 10H50 GMT (11H50 à Paris), la monnaie unique européenne valait 1,1776 dollar, contre 1,1842 dollar mercredi vers 22H00 GMT. L'euro a atteint jeudi vers 10H20 GMT 1,1763 dollar, son niveau le plus faible depuis début décembre 2005.
Le devise européenne baissait face à la monnaie nippone, à 141,05 yens contre 141,70 yens mercredi.
Le dollar progressait face à la devise japonaise, à 119,78 yens contre 119,17 yens la veille.
Selon des données publiées mercredi, les prix ont baissé de 0,2% en décembre dans la zone euro sous l'effet de la chute de 6,3% des prix de l'énergie.
Les économistes s'attendaient à cette baisse des prix mais anticipaient un repli de 0,1% seulement.
Si cette situation se prolonge, la zone euro entrera dans une période de déflation, qu'elle avait déjà traversée entre juin et octobre 2009, en pleine crise financière.
Mais pour Jonathan Loynes, analyste de Capital Economics, la déflation qui s'annonce pourrait "durer plus longtemps et s'avérer plus néfaste" si les prix de l'énergie ne repartent pas à la hausse.
Les investisseurs tablent ainsi dans l'ensemble sur l'annonce, à l'issue de la prochaine réunion de politique monétaire de la banque centrale européenne (BCE) le 22 janvier, d'un vaste programme de rachats d'actifs, dont des obligations de pays de la zone euro en grande difficulté financière.
De tels rachats auraient pour but de stimuler l'activité économique en injectant des liquidités dans le système financier mais auraient pour effet collatéral de diluer la valeur de la monnaie unique, la rendant moins attrayante pour les investisseurs.
Autre source de pression sur l'euro, les évocations d'une possible sortie de la Grèce alors que la gauche radicale Syriza, qui veut en finir avec l'austérité imposée par les créanciers internationaux et souhaite restructurer la dette grecque, pourrait remporter les législatives du 25 janvier.
Syriza a riposté mercredi aux scénarios "alarmistes", venus surtout de Berlin, en réaffirmant son arrimage à la monnaie unique et sa volonté de réformes.
"La faiblesse de l'euro face au dollar, est aussi liée à un billet vert qui ne cesse de se renforcer", soulignait Angus Campbell, analyste chez FxPro.
Le fossé entre l'Europe et les États-Unis s'est encore creusé mercredi avec l'annonce d'une baisse plus forte que prévu du déficit commercial américain en novembre et d'une accélération des créations d'emplois dans le secteur privé en décembre. Cette dernière statistique est de bon augure pour le très suivi rapport officiel mensuel sur l'emploi et le chômage aux États-Unis attendu vendredi.
Ainsi, comme le relevait Lee Hardman, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi, "la Fed (Réserve fédérale américaine) reste sur le chemin du début à partir du milieu d'année d'un resserrement monétaire".
Vers 10H50 GMT, la livre britannique montait face à la monnaie unique européenne, à 78,17 pence pour un euro, mais baissait face au dollar, à 1,5066 dollar pour une livre, tombant même vers 08H55 GMT à 1,5035 dollar, au plus bas depuis mi-juillet 2013.
La devise suisse restait stable face à l'euro, à 1,2010 franc suisse pour un euro, mais reculait face au billet vert, à 1,0197 franc suisse pour un dollar, atteignant même vers 10H20 GMT 1,0210 franc, son niveau le plus faible depuis mi-septembre 2010.
L'once d'or a fini à 1.206,50 dollars au fixing du matin, contre 1.229 dollars mercredi soir.