Le commerce en ligne a continué à progresser en France en 2014, porté par l'essor des ventes via téléphones mobiles et tablettes, mais marqué pour la première fois par une baisse dans le secteur touristique.
L'an dernier, "au total, les Français auront dépensé 57 milliards d'euros sur internet", soit 11% de plus que l'année précédente, a annoncé mardi la fédération du secteur (Fevad).
C'est moins que les 13,5% de croissance de 2013 et les 19% de 2012, mais cette progression s'inscrit dans un contexte général de baisse de la consommation, a souligné la fédération.
Dans son ensembles, la consommation des ménages en biens a en effet reculé de 1,1% en novembre sur un an, selon les derniers chiffres publiés par l'Insee.
La progression des ventes sur internet a été tirée par l'arrivée de nouveaux acheteurs, l'augmentation de la fréquence d'achat et la création de nouveaux sites marchands, a expliqué la Fevad lors d'une conférence de presse au ministère de l'Economie et des Finances.
Mais surtout, les ventes sur mobile ont poursuivi leur envolée, portées par un taux d'équipement plus important en smartphones, une meilleure connexion (4G) et des écrans plus grands (tablettes et "phablettes", les téléphones mobiles grand format), selon la fédération.
Le chiffre d'affaires réalisé via smartphones et tablettes par une douzaine d'importants sites marchands français a ainsi grimpé de 60% en 2014, après avoir déjà doublé l'année précédente, a détaillé la Fevad, qui ne dévoile pas les montants des ventes réalisées. Ce canal représente désormais 16% de leurs ventes en ligne, contre 10% en 2013 et seulement 5% en 2012.
- 'Tendance positive' -
Dans le même temps, le chiffre d'affaires global du panel de 41 grands sites de commerce en ligne français observé par la Fevad n'a progressé "que" de 3%.
Pour l'ensemble des sites de commerce électronique, la fédération estime que les ventes via mobile représentent "de l'ordre de 7% du marché", soit une valeur de 4 milliards d'euros.
"Le marché a explosé en quatre à cinq ans", a expliqué à l'AFP Jérôme Laffon, directeur France de Voyages-sncf.com, qui attribue cette évolution à la progression du taux d'équipement, à la sécurisation croissante des moyens de paiement, mais aussi aux besoins des clients "en mobilité", qui veulent pouvoir acheter ou échanger leurs billets sans attendre d'être devant un ordinateur.
La filiale de la SNCF, qui se présente comme le 2e distributeur français de commerce mobile, réalise environ 50% de son audience et 15% à 20% de ses ventes via son site mobile ou son application, souligne le dirigeant.
En 2013, quelque 300 millions d'euros de transactions ont été réalisées sur le site via les mobiles et tablettes, précise-t-il. Cette année là, le chiffre d'affaires total de Voyages-sncf.com a atteint un peu plus de 4 milliards d'euros.
Les chiffres de 2014 n'ont pas encore été rendus publics, mais M. Laffon affirmé que l'activité du site avait connu "une tendance positive".
Ce n'est pas le cas de l'ensemble du secteur, puisque les sites de tourisme du panel de la Fevad ont subi pour la première fois un repli de leur chiffre d'affaires l'an dernier, de 2%, alors que les autres secteurs (produits grands publics et ventes aux professionnels) progressaient de 9%.
C'est en quelque sorte la rançon du succès d'un secteur très en avance sur les autres pour la vente en ligne, a commenté à l'AFP Marc Lolivier, délégué général de la Fevad.
Pratiquement 45% des ventes dans le domaine se font en effet sur internet, contre seulement 20% pour les produits high-tech, et encore moins pour les autres secteurs, souligne-t-il.
"Cela en fait un secteur (...) beaucoup plus sensible à la conjoncture globale". Or le marché des réservations de voyages est globalement orienté à la baisse, du fait des arbitrages faits par les Français sur leur budget, d'un phénomène de baisse des prix "très important" (-6% pour les sites de tourisme recensés par la Fevad) et de "l'intérêt croissance" pour les sites collaboratifs (covoiturage, hébergement chez l'habitant...) qui contribuent à tirer les prix vers le bas.