Plus de 2,1 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à la mi-2018 dans le cadre du plan d’investissement de la Commission européenne, selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) paru mercredi.
Pour atteindre cet objectif, le rapport préconise que le fonds, qui vise à mobiliser 315 milliards d'euros d'investissements en trois ans, stimule prioritairement la relance par l'investissement, particulièrement dans le secteur privé et les PME, et que les fonds soient majoritairement alloués aux pays européens confrontés à de forts taux de chômage.
"Ce plan Juncker pourrait être complémentaire des mesures monétaires récemment annoncées par la Banque centrale européenne, en encourageant l'investissement des entreprises, la croissance et la création d'emplois", a estimé Raymond Torres, directeur du département de la recherche de l'OIT.
Les auteurs du rapport soulignent l'importance des investissements dans les petites entreprises, qui pourraient créer jusqu'à 1,8 million d'emplois directs et indirects.
"Investir dans les projets énergétiques ou l'économie verte font partie de la solution" tout comme "permettre aux petites entreprises d'avoir accès au crédit", a précisé M. Torres.
Avec "un taux de chômage qui dépassait les 23% en Espagne et 25% en Grèce au troisième trimestre 2014" alors que "trois ans auparavant, les deux pays affichaient des taux de chômage de 8%", les auteurs du rapport constatent que les politiques de rigueur ont été un échec.
"Cette évolution a entraîné d'immenses coûts économiques et sociaux; les pires répercussions ont eu lieu en Europe du Sud mais les ménages et les travailleurs en ont pâti dans toute la région", relève Sandra Polaski, directrice générale adjointe de l'OIT, ajoutant que "l'urgence de remédier à ces pertes augmente de jour en jour".
L'OIT cite en exemple les Etats-Unis où "l’investissement a repris plus de 2 points de pourcentage et le taux de chômage a diminué de plus de 3 points de pourcentage depuis 2009".
Depuis le pic de la crise, l’investissement dans les 28 pays de l’UE reste bien inférieur à ce qu’il était avant la crise et insuffisant pour véritablement faire reculer le chômage et le sous-emploi", regrette l'OIT.
L'organisation préconise, pour plus d'efficacité et d'équité, que les fonds soient répartis selon les niveaux de chômage des pays membres de l'UE.
Enfin, si "moins de 5% des fonds" étaient réorientés vers des mesures destinées à la formation, les retombées en matière d’emploi permettraient d'atteindre les 2,1 millions de nouvelles créations.
"Il est nécessaire de créer davantage +d'emplois de qualité+: permettre aux gens d'avoir une carrière avec un emploi stable et des contrats longs", a estimé M. Torres.
Selon lui, la priorité des gouvernements ne devrait pas consister à vouloir réduire la dette mais avant tout à créer de l'emploi et augmenter les salaires. "De ce point de vue là, la Grèce semble aller dans le bon sens", a-t-il estimé en référence à la récente accession au pouvoir de la gauche radicale Syriza à Athènes.
La Commission européenne avait mis mi-janvier sur les rails le futur Fonds qui doit permettre de financer des projets dans toute l'Europe dans le cadre du plan d'investissement Juncker, dont elle espère qu'il entrera en action dès l'été.
Bruxelles table sur 330 à 410 milliards d'euros en plus au PIB européen, et 1 à 1,3 million d'emplois au cours des trois prochaines années.