par William James et Renee Maltezou
LONDRES/ATHENES (Reuters) - Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis propose d'échanger la dette publique grecque détenue par la Banque centrale européenne (BCE) et le secteur public contre des obligations indexées sur la croissance et des obligations perpétuelles, évitant ainsi de faire subir des pertes à la dette détenue par le secteur privé, a dit une source lundi.
"Ces obligations détenues actuellement par la BCE peuvent être restructurées; il est possible de les transformer en obligations perpétuelles ou en dette indexée sur la croissance", a précisé la source, au fait du projet.
"Il en est de même avec une partie des autres obligations bilatérales détenues par le secteur public".
La source a ajouté que ce projet n'avait pas été évoqué avec la BCE ou encore des responsables allemands. Le projet d'échange n'a en outre pas encore été chiffré car il reste encore à peaufiner, a également dit la source.
Priée de dire si le secteur privé serait sollicité pour être mis à contribution dans le cadre de cette restructuration, la source a répondu: "Non, ils ont eu suffisamment de décotes".
Le ministre des Finances grec évoque également ce projet d'échange de dette dans un entretien au Financial Times, auquel il dit également qu'Athènes ne réclamera plus une radiation de la dette extérieure représentant 315 milliards d'euros.
"Ce que je dirai à nos partenaires est que nous mettons au point simultanément de quoi dégager un excédent budgétaire primaire ainsi qu'un calendrier de réformes", explique Varoufakis au quotidien.
"Je dirai: 'Aidez-nous à réformer notre pays et donnez-nous un peu d'espace budgétaire pour ce faire, sinon nous continuerons d'être étranglés et deviendrons non pas une Grèce réformée mais une Grèce déformée'".
BERLIN N'EST PAS D'ACCORD
Varoufakis observe par ailleurs, dans les colonnes du Financial Times, que le gouvernement compte sévir contre les riches adeptes de l'évasion fiscale et dégager un excédent primaire de 1% à 1,5% du PIB même si cela implique que son parti Syriza ne puisse respecter toutes les promesses de dépenses sur lesquelles il a été élu, écrit encore le FT.
Le ministre des Finances avait déclaré auparavant à la chaîne de télévision Channel 4 qu'il était confiant quant au fait que la Banque centrale européenne ne ferait rien qui puisse compromettre un accord permettant de résoudre la crise de la dette grecque qu'il espère conclure rapidement.
Le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras et Varoufakis font une tournée des capitales européennes pour tenter d'imposer leur idée d'un dispositif se substituant à l'accord de renflouement passé avec la "troïka" (Union européenne, Fonds monétaire international, BCE).
Tsipras a exclu lundi que son gouvernement se tourne vers la Russie pour obtenir une aide financière et a dit vouloir poursuivre les discussions avec l'UE.
Le Premier ministre rencontrera mardi le président du Conseil italien Matteo Renzi, un leader de centre-gauche qui passe pour prêter une oreille bienveillante à la cause grecque.
Privé de facto d'accès aux marchés et exposée à la pression née d'avoir à prolonger l'actuel accord d'aide international avant son expiration le 28 février, la Grèce essaye de passer un arrangement provisoire qui lui donne le temps de faire de nouvelles propositions.
La Grèce a d'importants remboursements en mars mais on estime de source officielle qu'elle pourrait disposer de suffisamment de liquidités pour les honorer.
Tsipras tout comme son ministre des Finances veulent en finir avec la procédure des inspections de la troïka au profit de négociations directes entre Athènes, l'UE et le FMI.
L'Allemagne n'est pas d'accord. "Le gouvernement allemand ne voit aucun motif de renoncer au mécanisme d'évaluation de la troïka", a dit Christiane Wirtz, porte-parole du ministère des Finances.
(Avec Hugh Lawson, Wilfrid Exbrayat pour le service français)