FRANCFORT (Reuters) - La Bundesbank a annoncé mercredi avoir rapatrié l'année dernière 210 tonnes d'or stockées à l'étranger, dont plus de la moitié de Paris, poursuivant son objectif de transférer à Francfort la moitié des réserves allemandes d'ici 2020.
Dans le sillage de la crise de la dette de la zone euro, de nombreux Allemands ont fait part de leur souhait qu'une plus grande partie des 3.381 tonnes d'or du pays soit stockée en Allemagne et certains ont mêmes émi des doutes sur l'existence de ces réserves.
Un peu plus de 40% de ces réserves, constituées après la Seconde Guerre mondiale, sont détenues dans les sous-sols de la Bundesbank à Francfort, et à peu près autant dans les coffres de la Réserve fédérale (Fed) aux Etats-Unis.
Détenir de l'or à l'étranger est l'un des héritages du système monétaire établi par les accords de Bretton Woods en 1944.
Près de 400 tonnes d'or allemand sont par ailleurs stockées par la Banque d'Angleterre. Londres et New York étant les centres de négoce de l'or et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis les "foyers" de deux monnaies de réserve, ces réserves pourraient facilement êtres converties en livres sterling ou en dollars en cas d'urgence.
La France, principal allié de l'Allemagne dans la zone euro, ne détenait plus au 31 décembre 2015 que moins de 200 tonnes d'or allemand et ne devrait plus en stocker du tout d'ici 2020.
L'Allemagne a été relativement épargnée par la crise financière mondiale par rapport à d'autres pays européens mais la monnaie européenne a été mise à mal, suscitant la défiance de nombreux Allemands.
L'or continue à faire figure de valeur refuge, bien que son cours ait récemment fléchi.
La Bundesbank a précisé que tous les lingots étaient "inspectés minutieusement et de façon exhaustive et vérifiés" à leur arrivée à Francfort.
Les réserves d'or allemandes, évaluées à environ 130 milliards de dollars, sont les deuxièmes plus importantes au monde, après les Etats-Unis. L'Allemagne détient à peu près deux fois plus d'or que la Chine, selon le Conseil mondial de l'or (World Gold Council).
(John O'Donnell, Mathilde Gardin pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)