De plus en plus, "la colline qui prie" devient celle où l'on étudie. Sur les hauteurs de Fourvière, qui dominent la vieille ville de Lyon, la discrète institution des Maristes lance officiellement lundi les travaux de son quatrième site d'enseignement.
La nouvelle école permettra de rassembler toutes les activités de Sainte-Marie Lyon (son nom officiel) dans l'enseignement supérieur, à l'exception des classes préparatoires. Soit un millier d'élèves dans les cinq ans à venir.
Mais c'est en fait "toute la colline qui est en mouvement", souligne Marc Gaucherand, délégué général de la Fondation des maristes de Puylata, qui porte ce projet d'un coût cumulé de 35 millions d'euros.
Car les autres écoles confessionnelles disséminées sur les pentes de Fourvière ne sont pas en reste, profitant du lent déclin des institutions religieuses qui y sont installées depuis des siècles et qui préfèrent céder leurs locaux devenus trop grands à des établissements d'enseignement plutôt qu'à des promoteurs.
Les Lazaristes, déjà présents sur deux sites, "regardent les quelques possibilités qui restent sur Fourvière", selon leur directeur Frédéric Bodin. Et l'école d'ingénieurs ECAM va investir la résidence qui était jusqu'il y a peu celle du cardinal Philippe Barbarin.
Pour leur part, les maristes ont d'abord racheté en 2008 la propriété des Soeurs de Notre-Dame des Missions (pour 3,5 millions d'euros, auxquels se sont ajoutés 6,5 millions de travaux), avant de reprendre l'an dernier les anciennes archives départementales, installées dans l'ex-couvent des Carmes.
Les maristes ont payé leur nouvelle acquisition 6,3 millions d'euros, au prix estimé par les Domaines. Des promoteurs proposaient bien plus mais le conseil départemental a préféré donner la primeur au projet éducatif. Il faudra ajouter 18 millions d'euros pour rénover ce bâtiment emblématique, visible depuis une grande partie de la ville.
Si les maristes sont présents dans sept villes de France, ceux de Lyon ont, de loin, poussé le plus avant l'incursion dans l'enseignement supérieur. Ils offrent depuis des années plusieurs filières en gestion. A la rentrée viendra s'ajouter une filière "arts appliqués". D'où le nom de leur nouveau campus: MADE'In, pour "management, art & design, entrepreneuriat, international".
"Il ne faut pas avoir des maristes l'image d'une citadelle du latin et du grec", s'amuse le directeur Marc Bouchacourt, en rappelant que le lycée avait ouvert une filière G (comptabilité) quand celle-ci était décriée.
Ce qui caractérise l'enseignement des Maristes, c'est, selon lui, l'attention portée à la culture générale. "Nos BTS compta/gestion ont des cours de théâtre obligatoires et leur professeur principal est le prof de français", fait-il valoir.
"La technique n'est pas l'alpha et l'oméga, car la technique change". "Les chefs d'entreprises sont plus sensibles à l'agilité intellectuelle", relève M. Bouchacourt.
- Entorse à la discrétion -
MADE'In pourra capitaliser sur l'excellente réputation des maristes lyonnais. Sa prépa aux grandes écoles de commerce (voie scientifique) est classée meilleure de France depuis deux ans. Quant à sa prépa littéraire, neuf de ses trente étudiants sont cette année admissibles à l'ENS.
L'ampleur du projet, qui va s'étaler sur cinq ans, a contraint l'école à faire une entorse à sa traditionnelle discrétion.
Car l'institution s'est résolue à solliciter les dons, en mobilisant son réseau d'anciens élèves, riche de nombreux hommes d'affaires comme Frank Riboud (Danone) ou Olivier Ginon (GL Events).
"Communiquer est pour nous une décision un peu exceptionnelle, mais il fallait bien sortir du bois si on voulait rallier les énergies", souligne M. Gaucherand.