Goldman Sachs a décidé d'interdire à ses dirigeants de contribuer financièrement aux campagnes électorales, dont celle de Donald Trump, afin d'éviter des accusations de trafic d'influence, selon un document interne consulté mercredi par l'AFP.
Depuis le 1er septembre, les associés (partners), le nec plus ultra au sein de la prestigieuse banque, "sont interdits de s'impliquer dans des activités politiques ou de faire des contributions (en nature ou d'ordre financier) à une campagne électorale d'un candidat à un poste local ou à une campagne de responsables politiques sortants ou en poste visant une fonction fédérale", écrit Goldman Sachs dans ce document daté du 29 août.
En exemple, la firme cite nommément le ticket républicain Donald Trump/Mike Pence, le colistier du milliardaire étant encore gouverneur de l'Etat de l'Indiana.
"Ce changement de politique a pour but d'éviter une violation par inadvertance des règles +pay-to-play+", explique Goldman Sachs, en référence à l'arsenal anti-trafic d'influence de la SEC, le gendarme de la Bourse américain, sanctionnant des contributions illicites à la sphère politique en échange de contrats.
Face à une série de scandales, le régulateur avait musclé en 2010 son dispositif juridique visant les activités des conseillers en investissement et gérants d'actifs qui sollicitent des mandats de gestion auprès de fonds de retraite publics.
En 2012, Neil Morrison, un ancien dirigeant de Goldman Sachs basé à Boston, a d'ailleurs été épinglé par la SEC qui l'accusait d'avoir contribué de manière illicite à une campagne électorale en échange de contrats pour des émissions d'obligations.
- Amendes -
M. Morrison, qui avait envoyé des centaines de courriels pour la campagne au poste de gouverneur de Tim Cahill, secrétaire au Trésor du Massachusetts (nord-est), depuis sa messagerie professionnelle, avait écopé d'une amende de 100.000 dollars et été interdit d'exercer pendant cinq ans.
Goldman Sachs avait pour sa part acquitté une pénalité financière de plus de 12 millions de dollars dans cette affaire car M. Cahill avait permis à la banque de gagner des contrats d'un montant de près de 8 millions de dollars.
Souvent accusée d'être la banque des puissants, la firme a aussi à coeur de préserver sa réputation.
Le changement de politique annoncé fin août "vise aussi à minimiser un potentiel dommage réputationnel causé par une fausse perception que la firme essaie de contourner les règles de +pay-to-play+" (payer pour jouer), souligne Goldman Sachs dans le document.
Et de prévenir que tout salarié concerné qui enfreindrait cette interdiction s'expose à une action disciplinaire.
Contactée par l'AFP, Goldman Sachs n'a pas souhaité commenter.
L'interdiction touche environ 467 banquiers sur 34.400 salariés au total mais ceux-ci représentent souvent les plus grosses rémunérations de l'établissement.
Le reste des salariés doit toutefois, comme de tradition, obtenir le feu vert pour toute contribution en nature ou d'ordre financière à une campagne électorale, rappelle Goldman Sachs qui ne s'est pas officiellement prononcée pour un candidat dans le cadre de l'élection présidentielle de novembre.
Les directeurs financiers des deux campagnes sont néanmoins d'anciens banquiers de Goldman Sachs: Steven Mnuchin (Donald Trump) et Gary Gensler (Hillary Clinton).