SANAA (Reuters) - Une nouvelle trêve est entrée en vigueur au Yémen samedi, la troisième annoncée cette année, mais elle ne semblait pas respectée dans l'ensemble du pays où les combats en dix-huit mois de conflit ont fait plus de 10.000 morts.
La coalition sous commandement saoudien qui lutte contre les rebelles chiites houthis depuis mars 2015 a annoncé un cessez-le feu de 48 heures, effectif à partir de midi (09h00 GMT) mais les deux camps se sont déjà accusés mutuellement de la violer.
Un général saoudien a accusé les Houthis d'avoir tiré un missile dans la province de Marib, à l'est de la capitale Sanaa, tandis que des habitants de villages situés dans cette région ont fait état de bombardements aériens de la coalition saoudienne.
"La trêve sera prolongée si les Houthis la respectent, si leurs représentants s'associent à la CDC (...) et s'ils lèvent le siège de Taëz", écrit l'agence de presse officielle SPA, citant une lettre du président yéménite, Abd-Rabbou Mansour Hadi, au roi Salman d'Arabie saoudite.
La CDC (Commission de désescalade et de coordination) est une instance militaire formée avec l'aval des Nations unies pour superviser les cessez-le-feu.
Taëz, troisième ville du pays, est presque entièrement encerclée par les Houthis et les partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, qui se sont ralliés à eux. Elle était toujours le théâtre de combats samedi malgré la trêve.
Quelques heures avant l'entrée en vigueur de la trêve, un autre tir de missile des Houthis a causé la mort d'un militaire saoudien dans la province d'Assir, dans le sud du royaume, rapporte le ministère de l'Intérieur à Ryad.
Les Houthis ont dit mercredi dernier être disposés à cesser les combats et à entrer dans un gouvernement d'union nationale.
Un membre de leur bureau politique, Mohammed al Boukhaiti, a répété samedi à Reuters que "le peuple yéménite exerçait son droit à l'autodéfense et quand l'Arabie saoudite cessera les combats, la guerre s'arrêtera".
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait annoncé mardi la conclusion de cette trêve, à l'issue d'entretiens avec les autorités omanaises, proches des Houthis, et des représentants des Emirats arabes unis, qui appartiennent à la coalition formée par Ryad.
Le gouvernement yéménite avait aussitôt refusé de s'associer à cette initiative. Le président Hadi avait déjà rejeté un plan de paix de l'Onu prévoyant sa mise à l'écart au profit d'une administration plus consensuelle.
(Mohamed Ghobari, avec Mohamed el Sherif au Caire, Danielle Rouquié, Jean-Philippe Lefief, Gilles Trequesser et Tangi Salaün pour le service français)