Du paquet fiscal à la "règle d'or" et au plan d'austérité, la question budgétaire s'annonce comme l'enjeu majeur de la campagne présidentielle.
La rigueur au risque de la récession? Cette question va dominer le débat budgétaire de l'automne, et donc la pré-campagne, avec le plan d'économie de 12 milliards dévoilé mercredi par François Fillon.
La ministre du Budget, Valérie Pécresse, s'est défendue de préparer un budget 2012 de "rigueur", se targuant de défendre les niches fiscales "qui créent de l'emploi" et de s'attaquer "aux niches inefficaces".
Elle marche sur les traces de l'ex-ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui avait testé mi-2010 le néologisme hasardeux de "ri-lance", dosage de rigueur et de relance.
"Risible", avait répondu le PS. "On réduit les déficits, mais on accroît les risques d'une récession", a déploré de nouveau jeudi Martine Aubry, alors que le gouvernement a révisé à la baisse ses prévisions de croissance et que les chiffres du chômage sont mauvais.
"On peut faire de la relance à condition de la financer", a-t-elle ajouté, mentionnant un point du programme du PS pour 2012 : moduler l'impôt sur les sociétés en fonction des bénéfices réinvestis. L'autre favori de la primaire PS -qui devance actuellement Mme Aubry dans les sondages-, François Hollande, veut conjuguer "croissance" et "vertu budgétaire".
Ces débats ne surgissent pas ex nihilo. Début 2009, le PS avait voté contre le plan de relance (26 milliards d'euros), déplorant l'absence de soutien à la consommation. Le gouvernement voulait à l'époque soutenir l'activité par l'investissement et l'aide aux entreprises.
Cet espoir d'un "ruissellement" des richesses du haut vers le bas (libérer l'investissement pour relancer l'emploi, la consommation, la croissance...) avait conduit dès l'été 2007 le gouvernement à mettre en place le "paquet fiscal" (bouclier fiscal protégeant 50% des revenus, défiscalisation des heures supplémentaires, exonération des droits de succession...). "Péché originel" et "cadeaux aux plus riches", n'a cessé de dire l'opposition.
Quatre ans et deux crises plus tard (financière en 2008 et budgétaire depuis 2010), le gouvernement est revenu sur la quasi-totalité du "paquet", à commencer par le "bouclier", devenu "symbole d'injustice" selon François Baroin ministre du Budget.
"Aucune de ces réformes ne fut financée par de quelconques économies de fonctionnement, pourtant nécessaires. Toutes l'ont été par l'emprunt", déplore le président PS de la commission des Finances à l'Assemblée, Jérôme Cahuzac. "Il faut donc, chaque année, emprunter plus de 45 milliards d'euros pour financer la politique fiscale menée depuis 2002".
En réponse, François Fillon met le PS face à son "sens de l'intérêt national" sur la "règle d'or". Si le chef de l'Etat convoque un Congrès, le dilemme du PS sera lourd: soit refuser de voter ce texte au risque d'une dégradation de la note de la France. Soit finalement s'y rallier après avoir dit le contraire.
A l'heure de la primaire PS, la question budgétaire clive aussi à gauche, où l'on retrouve, lointain écho de 1983, les partisans d'une rigueur plus ou moins assumée (Manuel Valls, François Hollande) face à des candidats néo-keynésiens qui insistent davantage sur la relance (Ségolène Royal: "Il n'y a pas que la rigueur à promettre, il y a une bonne gestion à mettre en place").
Sans parler évidemment des candidats à la gauche de la gauche, dans une démarche de rupture avec le libre-échange (Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon), voire le capitalisme (NPA).