Le gouvernement français présente mercredi un budget 2012 d'austérité aux grandes lignes déjà connues, que viennent compliquer l'intensification de la crise et la victoire de la gauche au Sénat, qui promet un débat parlementaire musclé à sept mois de la présidentielle.
Sur le fond, la France, comme la Grèce, l'Italie ou l'Espagne, est condamnée à la rigueur même si le plan français s'avère moins douloureux que ceux de ses voisins du sud de l'Europe, plus directement exposés à la crise des dettes souveraines.
L'objectif "intangible" affiché par Valérie Pécresse, ministre du Budget, et son collègue des Finances, François Baroin, est de ramener les déficits publics de 5,7% du produit intérieur brut (PIB) cette année à 4,5% l'an prochain et 3% en 2013, seuil fixé par les traités européens.
La France n'a plus enregistré un seul budget excédentaire depuis 1974. La dette publique explose. De 85,4% du PIB cette année, elle devrait se situer autour de 87% en 2012, selon des sources parlementaires citées mardi par Les Echos.
Pour la première fois, sa charge --de 48,8 milliards d'euros, selon le quotidien-- deviendra en 2012 le premier poste de dépenses, devant les budgets (hors pensions) de l'Enseignement scolaire et de la Défense.
Le déficit budgétaire devrait être ramené à 81,7 milliards d'euros (contre 95,5 milliards prévus en 2011). Le taux de prélèvements obligatoires devrait remonter à plus de 44%, au dessus de son niveau de 2007 (43,2%), au début du mandat de Nicolas Sarkozy, selon Les Echos.
"Le seuil de tolérance à l'endettement est désormais dépassé", a reconnu fin août le Premier ministre, François Fillon.
Annoncé le 24 août pour tenter d'apaiser les marchés et de préserver le "triple A" envié de la France, le plan d'austérité représentera l'an prochain une enveloppe de 11 milliards d'euros, constituée pour l'essentiel d'un cocktail hétéroclite de recettes fiscales nouvelles, à commencer par un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales des entreprises comme des particuliers.
Un milliard seulement proviendra d'économies non encore précisées. Sur ce point, le gouvernement entend laisser l'initiative à sa majorité. Mais il estime avoir anticipé cet effort par une compression des dépenses de fonctionnement et d'intervention (comme le RSA), le gel des dotations aux collectivités locales ou le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite.
L'idée générale est de contenir les déficits sans tuer la croissance, pour éviter que l'économie française décède en bonne santé. Une équation d'autant plus complexe que les perspectives de croissance sont moroses. Le gouvernement a ramené ses prévisions à 1,75% pour 2011 comme pour 2012. Et l'hypothèse est jugée encore très optimiste par la plupart des "conjoncturistes" alors qu'une nouvelle récession menace les économies américaine et européennes.
Rien ne dit que le gouvernement échappera à un nouveau et douloureux aggiornamento budgétaire si la crise devait s'aggraver encore, sans parler d'une victoire de la gauche à la présidentielle qui rebattrait illico les cartes de la politique économique.
Dans l'immédiat cependant, la bascule historique de la majorité sénatoriale - à gauche pour la première fois depuis 1958 - ne devrait avoir que des conséquences limitées.
L'Assemblée nationale ayant le dernier mot, le gouvernement est assuré de voir son budget adopté. Mais la majorité sénatoriale pourrait jouer la montre en multipliant navettes parlementaires et amendements. Le Parti socialiste entend clairement faire de la Haute assemblé la tribune de son projet économique pour 2012.