La compagnie aérienne espagnole Iberia a annoncé mardi qu'elle réduisait de 20% la masse salariale des pilotes, soit une économie de 62 millions d'euros par an, en plein conflit social avec les pilotes qui protestent contre la création de la filiale à bas coûts Iberia Express.
La compagnie affirme avoir pris des mesures "qui incluent une coupe des coûts salariaux des pilotes de 20%, chiffrée à 62 millions d'euros", selon un communiqué.
"Ce qui se passe c'est que la compagnie perd de l'argent et il y a un problème de coûts", a expliqué un porte-parole d'Iberia. Il a précisé que le salaire moyen brut annuel des pilotes était d'environ 200.000 euros.
Ces mesures doivent permettre d'augmenter la productivité de 25% et visent à rendre Iberia "rentable" face à ses concurrents "dans un marché globalisé", selon la compagnie.
Elles prévoient de repousser la limite du nombre d'heures de vol maximum à 900 heures par an alors qu'un pilote d'Iberia travaille actuellement "environ 650 heures" par an et que la convention collective prévoit selon les compagnies une limite de 820 à 850 heures, écrit Iberia.
L'indexation des salaires sur l'inflation est également supprimée. Ces mesures "ne touchent que les pilotes, unique collège avec lequel, après deux ans et demi de négociations, il n'a pas été possible de trouver un accord sur la convention collective", affirme la compagnie.
Iberia ajoute qu'"indépendamment des mesures annoncées aujourd'hui", la compagnie appelle le Sepla, le syndicat des pilotes majoritaire chez Iberia, à "revenir à la table des négociations" et à "annuler les journées de grève programmées qui affectent tant l'entreprise que les clients".
Faux, répond Sepla qui estime que cette annonce est une véritable "provocation".
Dans l'immédiat, le syndicat n'envisage pas de durcir le mouvement mais "demande l'arbitrage du gouvernement", a affirmé une porte-parole du syndicat. Pour le syndicat, l'unique objectif de la direction d'Iberia est de se servir de la nouvelle loi du travail pour dénoncer la convention collective et faire disparaître Iberia au profit de British Airways et de la filiale à bas coûts Iberia Express.
Les pilotes ont lancé une nouvelle série de journées de grève les lundis et vendredis depuis le 9 avril et jusqu'au 20 juillet, pour dénoncer la création de cette filiale qui menace, selon eux, 8.000 emplois.
Une première série de 12 journées de grève, lancée en décembre, avait abouti à l'annulation d'environ un tiers des vols à chaque fois, coûtant environ 36 millions d'euros à la compagnie.
Iberia Express, filiale à bas coûts destinée à assurer le segment déficitaire des vols court et moyen-courrier d'Iberia, a vu son premier vol décoller le 25 mars, la direction ayant conclu un accord avec la plupart du personnel, sauf les pilotes.