La compagnie d'électricité japonaise Tokyo Electric Power (Tepco), gérante de la centrale accidentée de Fukushima, a officiellement désigné mardi ses prochains dirigeants, choisis par le gouvernement, la compagnie étant en passe d'être nationalisée de facto.
Lors d'un conseil d'administration tenu mardi matin, a été nommé comme directeur général Naomi Hirose, un vétéran de Tepco. Il s'est occupé jusqu'alors du plan de dédommagement des victimes de la catastrophe atomique provoquée par le séisme et tsunami du 11 mars 2011.
Selon le ministre de l'Industrie, Yukio Edano, qui a participé activement au choix, ce quinquagénaire est capable de mener l'entreprise en prenant en considération la situation des sinistrés et des clients.
Tepco aura par ailleurs comme nouveau président Kazuhiko Shimokobe, un juriste de 64 ans et un des responsables de la structure étatique qui a avancé les fonds publics à Tepco pour dédommager les personnes forcées de quitter leur domicile à cause de la contamination radioactive échappée de Fukushima Daiichi.
Ces nominations doivent encore être approuvées en juin lors d'une assemblée générale des actionnaires.
Tepco est actuellement dans une situation extrêmement délicate, avec des finances dévastées par les conséquences de l'accident de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
La compagnie a déjà reçu l'aval de l'Etat pour des avances substantielles de quelque 1.600 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) à reverser aux victimes du désastre.
Elle a présenté récemment aux autorités une nouvelle version de son plan d'économies sur 10 ans, renforçant ses promesses afin de bénéficier d'une aide plus importante.
Tepco n'a pas encore révélé publiquement le contenu exact de ses nouvelles propositions mais, selon les médias, le groupe prévoit à présent d'économiser 3.300 milliards de yens (32,5 milliards d'euros) en une décennie, soit environ 660 milliards de yens de plus que précédemment annoncé.
Si le plan d'économies, condition sine qua non à l'octroi de fonds supplémentaires, est validé, l'Etat devrait nouvellement injecter 1.000 milliards de yens (près de 10 milliards d'euros) dans Tepco et des établissements privés le même montant, ce qui, s'ajoutant à des augmentations de tarifs du courant, devrait permettre à la compagnie d'améliorer sa situation financière.
Le ministre de l'Industrie a promis d'annoncer très prochainement s'il valide ou non ce plan.
En échange de ces crédits supplémentaires, les pouvoirs publics deviendront majoritaires dans le tour de table du groupe privé, une nationalisation de facto, bien que le ministre de l'Industrie réfute ce mot.
Lors d'une conférence de presse à Tokyo, le prochain directeur général M. Hirose, qui aura en mains les commandes opérationnelles du groupe, a promis de faire preuve de très grande transparence et de rendre publiques très rapidement les informations.
Questionné sur les hausses de tarifs pour compenser les dépenses supplémentaires auxquelles est confronté le groupe, il a affirmé vouloir "proposer plusieurs possibilités (aux autorités) mais dans la mesure du possible faire le maximum pour que la charge soit la moins lourde possible" pour les clients particuliers.
Une augmentation de 10% du prix de l'électricité pour les consommateurs individuels était jusqu'à présent évoquée.
Tepco est forcée d'acheter des quantités colossales de gaz et pétrole pour faire carburer ses centrales thermiques afin de compenser l'arrêt de tous ses réacteurs nucléaires, une situation qui risque de durer encore des mois.
M. Hirose s'est aussi engagé à se rendre au plus vite auprès des victimes pour les écouter et d'être très intransigeant pour accélérer le versement des indemnités attendues.
"Tepco ne peut bien sûr pas décontaminer seul la zone polluée par les rejets de la centrale Fukushima mais, prenant nos responsabilité, nous allons y participer au mieux", a-t-il en outre ajouté.