L'Espagne a gagné mercredi un répit sur les marchés, après une longue descente aux enfers entamée vendredi, et un soutien de ses partenaires, y compris à Paris où le ministre espagnol des Finances Luis De Guindos s'est entretenu avec son homologue français Pierre Moscovici.
Les deux hommes ont réaffirmé à l'issue de cet entretien leur confiance dans la capacité de l'Espagne à renouer avec une croissance durable et à sortir de la crise, reprenant presque mot pour mot une déclaration publiée la veille à Berlin.
"Nous considérons que le niveau actuel des taux d'intérêt", imposés à l'Espagne, "ne reflète pas les fondamentaux de l'économie espagnole, son potentiel de croissance et la soutenabilité de sa dette publique", autrement dit sa capacité à rembourser ses dettes, ont indiqué les deux hommes dans un communiqué commun.
L'Espagne s'efforce d'enrayer la nouvelle poussée de fièvre qui a saisi les marchés financiers où les taux d'intérêt des emprunts espagnols sur dix ans s'envolent à des niveaux historiques, jugés intenables sur la durée.
La situation s'est toutefois améliorée mercredi, grâce notamment à des déclarations en Allemagne, qui ont quelque peu rassuré les marchés, selon des analystes. Les Bourses européennes sont revenues de justesse dans le vert mercredi, réconfortées par plusieurs déclarations européennes rassurantes sur la crise en zone euro leur permettant de retrouver quelques raisons d'espérer après deux jours de fort recul
Après avoir franchi un nouveau plus haut historique à plus de 7,6%, le taux espagnol à dix ans s'est de son côté replié en dessous des 7,4% dans l'après-midi.
Un porte-parole du ministère allemand des Finances a qualifié mercredi "d'erronées" des spéculations selon lesquelles l'Espagne serait mise sous pression pour demander une nouvelle aide européenne.
"Ces informations sont erronées, cela n'est pas à l'ordre du jour", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. L'Allemagne maintient jusqu'ici que l'enveloppe de 100 milliards d'euros maximum accordée à l'Espagne pour son secteur bancaire est suffisante, et ce malgré la flambée continue des taux d'emprunt de Madrid qui hypothèque sa capacité à se financer.
Ces taux sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise, ne sont pas nécessairement ceux que l'Espagne devra acquitter lors de ses prochaines émissions obligataires. Mais ils sont aujourd'hui le principal baromètre de la crise en Espagne et au-delà dans la zone euro.
En dépit des démentis répétés des responsables espagnols, l'hypothèse d'un sauvetage global du pays, au-delà de l'aide accordée récemment aux seules banques espagnoles, se renforce.
Le quotidien économique espagnol El Economista évoquait mercredi un plan d'aide de 300 milliards d'euros, qui permettrait à l'Espagne de financer ses déficits au moins pendant un an et demi.
Prochaine émission espagnole à long terme en septembre
L'Espagne a prévu cette année d'emprunter quelque 86 milliards d'euros, il lui reste encore 27 milliards à trouver avant décembre pour boucler son programme, mais beaucoup plus si l'on prend en compte les besoins des régions et le financement d'un déficit plus important que prévu. Dans ce cas, la facture s'élève à près de 50 milliards. Avec des taux dépassant désormais les 7,5%, elle devra payer le prix fort ou se résoudre à demander l'aide des Européens.
La prochaine émission obligataire pour des emprunts à dix ans aura lieu fin septembre.
Le communiqué publié mercredi par MM. Moscovici et De Guindos réaffirme également l'engagement des deux pays "à mettre pleinement en oeuvre" les décisions du Conseil européen des 28/29 juin dernier.
M. Moscovici a ajouté devant les députés français que la France souhaitait que cette mise en oeuvre soit "rapide et ferme".
Le nouveau coup de fièvre estivale des marchés autour de l'Espagne intervient aussi sur fond d'inquiétudes grandissantes quant à l'avenir européen de la Grèce.
"Certains responsables étrangers disent que la Grèce ne va pas atteindre ses objectifs, ils sapent l'effort national, alors que nous faisons tout ce que nous pouvons pour que le pays reste debout", a ainsi déclaré mardi le Premier ministre grec Antonis Samaras.
"Ils sont irresponsables et en tous cas ils ne vont pas y arriver", a-t-il souligné, en réitérant que le gouvernement oeuvre pour "maintenir le pays dans la zone euro".
Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras doit rencontrer jeudi les chefs de file de la délégation de la troïka des créanciers du pays, UE-BCE-FMI, présents à Athènes pour préparer leur rapport sur la situation du pays. Ce rapport très attendu doit servir aux responsables de la zone euro à se prononcer sur la poursuite du plan d'aide à la Grèce.
M. Samaras rencontrera de son côté le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso.