L'américain CME, premier opérateur boursier mondial par la capitalisation, tente de franchir un nouveau pas dans sa conquête de l'Europe en préparant le lancement d'une Bourse supplémentaire sur le marché des dérivés, où ses concurrents se bousculent déjà.
Le Chicago Mercantile Exchange (CME) a indiqué lundi qu'il était en discussions avec le régulateur britannique, l'Autorité des marchés financiers (FSA), pour lancer une plateforme européenne d'échange de dérivés basée à Londres. Elle viendrait concurrencer les deux grands marchés européens des dérivés, Eurex (groupe Deutsche Börse) et Liffe (groupe NYSE Euronext).
L'arrivée de cette nouvelle Bourse interviendrait alors que le rival américain du CME Group, IntercontinentalExchange, s'est également lancé récemment sur le marché européen des dérivés.
CME espère débuter les échanges sur sa nouvelle Bourse mi-2013, une fois obtenu le feu vert du régulateur britannique. Le groupe entend d'abord lancer des contrats à terme sur le marché des changes, avant de se diversifier vers d'autres actifs, précise-t-il dans un communiqué.
"Nous continuons d'observer une progression de notre activité de la part de clients en Europe, avec plus de 20% de nos volumes désormais en provenance de la région", a souligné le patron du CME, Terry Duffy.
Le lancement de ce nouveau marché de dérivés est donc un moyen de se rapprocher de ses clients européens pour un groupe né de la fusion du Chicago Mercantile Exchange et du Chicago Board of Trade en 2007.
Il est de loin le premier marché à terme mondial, avec une forte spécialisation sur les matières premières.
Outre sa présence sur la place de Chicago, le CME Group possède aussi le New York Mercantile Exchange (Nymex), spécialisé dans les contrats sur le pétrole, et a porté cette année ses parts dans la place de Dubaï à 50%.
"L'ouverture de nouveaux marchés est toujours une bonne nouvelle pour la liquidité du marché", estimait lundi un analyste new-yorkais spécialisé dans les matières premières.
Mais de manière générale, l'opération suscitait peu d'intérêt aux Etats-Unis, où le mouvement étant surtout vu comme "une mesure défensive" dans un marché très concurrentiel.
"L'impact est plus médiatique qu'(important en termes) de volume", jugeait un autre analyste. Si augmentation de volume il y a, "elle sera minimale".
Le marché mondial des produits dérivés est "un marché qui du point de vue électronique est bien rôdé, ceux qui souhaitaient y accéder depuis l'Asie et l'Europe pouvaient le faire, mais peut-être que (...) cela diminuera les coûts avec des réglementations moins strictes à Londres pour y accéder", suggère-t-il.
La nouvelle initiative du CME fait aussi suite à l'échec de son offre sur le marché londonien des métaux, le LME, finalement repris en juin par la Bourse de Hong Kong, moyennant 1,39 milliard de livres (1,7 milliard d'euros).
"Ne pas le faire aurait été une erreur", poursuit le deuxième analyste, car d'autres opérateurs risquaient de "prendre sa place". Selon lui, cette initiative présentée par le groupe comme "offensive" est en fait une manière "d'occuper la place plutôt qu'un moyen de faire augmenter les volumes".
"Il s'agit ici plutôt ici de ne pas en perdre", ajoute-t-il.