PARIS (Reuters) - De 2.100 à 2.500 CRS ont consulté jeudi un médecin pour protester contre leurs conditions de travail et un projet du gouvernement visant à soumettre une indemnité aux prélèvements sociaux, à l'appel de trois organisations syndicales.
"Quarante-quatre compagnies de CRS sur 60 ont été touchées complètement ou partiellement", a déclaré à Reuters Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa Police.
Selon Johann Cavallero, délégué national CRS du syndicat Alliance, 80% des effectifs prévus pour la visite du chef de l'Etat, Emmanuel Macron, à Marseille, étaient indisponibles et ont dû être remplacés au pied levé par des gendarmes mobiles et des forces de sécurité locale.
Le 12 septembre, près de 500 CRS s'étaient déjà déclarés souffrants pour les mêmes raisons.
Unité SGP Force ouvrière, Unsa Police et Alliance, qui revendiquent plus de 90% des voix aux élections professionnelles dans la police, dénoncent notamment la décision gouvernementale de soumettre leur indemnité journalière d'absence temporaire (IJAT) aux prélèvements sociaux.
"L'intersyndicale déplore l'absence de dialogue social et de prise en compte de ce dossier par M. Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur", lit-on dans un communiqué des trois syndicats.
Pour leurs dirigeants, le différend autour de l'IJAT n'est qu'une des composantes du malaise des Compagnies républicaines de sécurité (CRS), chargées avec les gendarmes mobiles du maintien de l'ordre sur le territoire national.
"L'IJAT, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", explique Philippe Capon.
"C'est tout un ensemble de problèmes", renchérit Johann Cavallero. "Il y a l'IJAT mais il y a aussi des problèmes d'effectifs, d'emploi, de matériel, d'hébergement et la non application de la directive européenne sur le temps de travail."
Gérard Collomb recevra vendredi une délégation de l'intersyndicale. "Si on n'est pas écouté, je pense que ça va continuer", a averti Johann Cavallero.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)