Le compte à rebours final vers le "mur budgétaire" était enclenché lundi à Washington, où sauf accord in extremis entre démocrates et républicains avant le Nouvel An, entrera en vigueur à minuit une cure d'austérité forcée, lourde de menaces à terme.
"Il y a encore plusieurs questions sur lesquelles les deux parties ne sont pas d'accord", a concédé lundi matin le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, à l'issue d'une nouvelle nuit de tractations. "Les négociations continuent à l'heure actuelle, mais nous n'avons vraiment plus de temps", a-t-il prévenu, à un peu plus de 12 heures de l'échéance.
En cas d'échec, des économistes ont mis en garde contre une possible replongée de la première économie mondiale dans la récession. Les effets de fond de ce choc devraient toutefois prendre du temps à se faire ressentir, et seraient pour la plupart réversibles si les élus agissent rapidement ensuite.
Mais d'un point de vue psychologique, un "mur budgétaire" pourrait provoquer un décrochage des marchés, d'autant plus que d'autres échéances difficiles pointent à l'horizon, comme le nécessaire relèvement du plafond légal de la dette au premier trimestre.
Pour sa dernière séance de l'année, Wall Street a une nouvelle fois lundi fait preuve de nervosité en raison de la situation à Washington.
Les tractations ont lieu entre le chef de file républicain au Sénat Mitch McConnell et le vice-président Joe Biden, qui a pris le relais de M. Reid. Selon le bureau de M. McConnell, les deux dirigeants se sont entretenus après minuit puis à nouveau à 06H30 du matin lundi.
Si les discussions n'aboutissent pas, se produira, à la première heure du 1er janvier, une hausse des impôts automatique pour la quasi totalité des contribuables, tandis que des coupes claires dans les dépenses de l'Etat fédéral sont prévues 24 heures plus tard.
Plus que quelques heures
Au centre du blocage figurent les allègements fiscaux hérités de la présidence du républicain George W. Bush, qui expirent lundi soir.
Le président Barack Obama estime que les électeurs, en le reconduisant début novembre pour un second mandat de quatre ans, ont donné leur feu vert à la hausse de la pression fiscale sur les plus riches pour laquelle il avait fait campagne.
Selon la presse américaine, les démocrates ont toutefois accepté de remonter de 250.000 à 450.000 dollars de revenus annuels le plancher au-dessus duquel le taux d'imposition des ménages augmentera. Une concession qui n'a cependant pas permis de régler les désaccords.
Aux yeux des républicains, toute hausse d'impôts est un chiffon rouge. Eux souhaitent plutôt s'en prendre aux budgets sociaux, chers aux démocrates, pour réduire le déficit.
Les débats ont rouvert au Sénat, dominé par les alliés démocrates de M. Obama, à 11H00 (16H00 GMT). La Chambre des représentants, contrôlée par les répubicains, devait aussi siéger. C'est la première fois en plus de 40 ans que le Congrès américain fonctionne le jour de la Saint-Sylvestre.
Même en cas d'accord entre MM. McConnell et Biden, il faudra encore que les deux assemblées l'entérinent en termes identiques avant une promulgation par M. Obama.
La Maison Blanche restait muette lundi matin sur les tractations, après que le président eut semblé jeter de l'huile sur le feu en accusant ses adversaires de porter la responsabilité de la crise, dans un entretien diffusé la veille.
Le paradoxe est qu'aucun camp n'a vraiment intérêt d'un point de vue électoral à la réussite des négociations dans cette énième crise depuis que les républicains ont pris le contrôle de la Chambre il y a deux ans.
En cas d'échec, M. Obama obtiendra la hausse des contributions pour les plus riches qu'il recherche. Et les républicains n'auraient plus qu'à voter à partir de mardi de nouveaux allègements pour la classe moyenne, sans trahir donc leur promesse de ne pas augmenter les impôts.