Les grandes entreprises européennes se préparent à une nouvelle année difficile, marquée par une croissance anémique en raison d'une demande toujours faible et d'un chômage élevé, selon les déclarations de plusieurs patrons, rapportées lundi par le Financial Times et le Monde.
"2010 est une année où il faut être conservateur", a affirmé au quotidien britannique Michael O'Leary de la compagnie aérienne irlandaise à bas prix Ryanair. Pour lui, "austérité" sera le mot clé de l'année.
Malgré des bénéfices en 2009 du fait de restructurations et de réductions de coûts, les perspectives des entreprises européennes pour 2010 sont "incertaines", selon la plupart des responsables cités par le FT.
Interrogé par le Monde, Michel-Edouard Leclerc, président du distributeur Leclerc, estime également qu'"il n'y aura pas de miracle en 2010", le consommateur risquant de souffrir car "la désinflation marquera un coup d'arrêt".
L'optimisme est également très mesuré pour Jean-Paul Bailly de La Poste, qui table sur une reprise "sans doute lente en Europe", et pour Pierre-André de Chalendar, directeur général de Saint-Gobain, d'après qui 2010 sera "dans le meilleur des cas, une année plate".
"Nous ne nous attendons pas à une bonne année en 2010 aussi bien pour l'économie que pour l'industrie automobile", a pour sa part déclaré au FT Carlos Ghosn, le PDG du constructeur automobile Renault.
Dans l'ensemble, la plupart des responsables d'entreprises françaises et européennes interrogés estiment que le redémarrage de l'économie en zone euro restera fragile tant que le chômage sera élevé, ce qui rend les sociétés réticentes à investir.
Les entreprises du secteur électronique sont en revanche optimistes. Laurent Abadie de Panasonic Europe, interrogé par le FT, prévoit notamment une croissance à deux chiffres des revenus du secteur en 2010, grâce à une demande soutenue des produits électroniques.
Face à une année 2010 "calme", "en Europe et en France en particulier, la tendance générale sera donc de serrer les salaires et de réduire les effectifs, ce qui est une erreur stratégique", anticipe Patrick Molis, président de la compagnie nationale de navigation (CNN), interrogé par Le Monde.
Selon lui, il faut au contraire "être entreprenant et investir" et "ne pas trop compter sur la croissance chinoise", dont la relance "semble très artificielle".