François Hollande, à la faveur de sa première visite en Chine, entend oeuvrer au comblement du retard de la France sur l'Allemagne dans la deuxième économie mondiale en soutenant ses entreprises de taille moyenne et en plaidant pour une présence plus diversifiée de ses entreprises, l'agro-alimentaire en tête.
La part de la France dans le commerce extérieur chinois est stable depuis des années autour de 1,3%, contre environ 5% pour l'Allemagne, un écart nettement supérieur à la différence de taille entre les deux économies.
Les exportations françaises en Chine ont certes progressé de 11,9% l'an dernier à 15 milliards d'euros, mais le déficit commercial de la France avec le géant asiatique a atteint 26 milliards, l'équivalent de son déficit global hors énergie.
Avec un volume d'échanges trois fois plus important, l'Allemagne est parvenue à réduire son déficit à 10,7 milliards d'euros, grâce notamment à ses exportations de voitures, de machines-outils et de biens d'équipement.
Les exportations françaises reposent quant à elles pour un tiers sur l'aéronautique, la filière nucléaire en constituant l'autre pilier.
Une lettre d'intention à l'occasion de la visite présidentielle pourrait être signée entre Areva et le chinois CNNC pour une usine de retraitement et de recyclage de combustible, tandis que le gouvernement chinois pourrait donner son feu vert à des achats d'Airbus par des compagnies chinoises, selon un expert préférant l'anonymat.
Mais l'agro-alimentaire ne représente que 11% (1,6 milliards d'euros) des exportations françaises en Chine. Ce secteur est jugé très prometteur car les importations chinoises devraient atteindre 100 milliards de dollars par an en 2017, juste derrière celles des composants électroniques, qui pèseront alors entre 250 et 300 milliards de USD.
Pour accompagner la croissance de la consommation chinoise, les entreprises françaises devront toutefois se diversifier au-delà des vins et spiritueux, qui ont représenté à eux seuls un milliard d'euros d'exportations l'an dernier.
Paris attend notamment un accord qui ouvrirait le marché chinois à la charcuterie française, qui bute jusqu'ici sur des normes sanitaires tatillonnes.
Symbiose germano-chinoise
"La Chine a plus ou moins obtenu ce qu'elle voulait du partenariat, mais de son côté la France a du mal à récolter les fruits de la croissance en Chine", estime Jonathan Holslag, spécialiste des relations sino-européennes à l'Université libre de Bruxelles.
Pourtant, 1.200 entreprises françaises à travers la Chine emploient environ 500.000 personnes sur environ 2.200 sites.
Les implantations allemandes sont à peu près deux fois plus nombreuses, surtout grâce à des entreprises de taille intermédiaire qui emploient entre 300 et 1.500 salariés.
L'écart est encore plus grand si on compare les 800 à 900 implantations chinoises en Allemagne aux quelque 200 en France, qui emploient 9.000 personnes.
"A présent il y a une symbiose presque parfaite entre les économies chinoise et allemande; la Chine a besoin de technologies et l'Allemagne a besoin de marchés", constatent dans une étude publiée l'an dernier Hans Kundnani et Jonas Parello-Plesner, du European Council of Foreign Relations.
Alors que l'économie allemande est devenue plus dépendante des exportations depuis l'introduction de l'euro, "la politique étrangère allemande est de plus en plus déterminée par les intérêts économiques, et par-dessus tout, les besoins des exportateurs", selon ces chercheurs.
La diplomatie française ne veut pas être en reste. "Nous devons accompagner nos entreprises, et pas seulement celles du CAC 40", a martelé récemment à Pékin et Shanghai Martine Aubry, représentante spéciale du ministre des Affaires étrangères pour la Chine, en avant-première du voyage présidentiel auquel elle participera.
La France compte 11.000 entreprises exportatrices en Chine, dont seulement 5% de grands groupes. Mais ces derniers réalisent à eux seuls les deux tiers de la valeur exportée.