PARIS (Reuters) - Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche, a jugé jeudi qu'un ministre n'avait pas à "commenter une affaire judiciaire" après les attaques de Marlène Schiappa contre la défense du meurtrier présumé d'Alexia Daval.
Les avocats de Jonathann Daval, qui a avoué mardi le meurtre de son épouse, dont le corps avait été retrouvé fin octobre dans un bois de Haute-Saône, défendent la thèse d'un meurtre "par accident" face à "la personnalité écrasante" d'une épouse qui "pouvait avoir des accès de violence extrêmement importants".
Dès mardi, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les hommes et les femmes avait dénoncé sur Twitter (NYSE:TWTR) un cas selon elle de "victim-blaming", qui consiste à justifier un crime en accusant la victime.
"Un ministre n'a pas à commenter une affaire judiciaire", a réagi Christophe Castaner sur France Inter. "Je n'ai pas à juger si elle a fait une erreur, nous n'avons pas à commenter une affaire judiciaire", a-t-il ajouté.
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a estimé pour sa part sur Europe 1 que Marlène Schiappa n'était pas "intervenue dans le travail de la justice", tout en invitant à "beaucoup de mesure", "beaucoup de discrétion" sur cette affaire.
"Elle a rappelé ce qu'est le combat qu'elle mène, et avec talent, depuis sa nomination au gouvernement, que dans le quinquennat les violences faites aux femmes étaient une priorité", a poursuivi Benjamin Griveaux.
"Ensuite, il y a évidemment le respect de la défense et il est parfaitement légitime qu'un avocat prenne la ligne de défense qu'il souhaite pour pouvoir défendre son client, il n'est pas question d'intervenir dans ces dossiers-là", a-t-il conclu.
Marlène Schiappa a expliqué mercredi sur RTL qu'elle ne commentait pas un dossier mais le phénomène du "victim-blaming".
"Là, nous dire qu'elle avait une personnalité écrasante, et que c'est pour ça qu'il l'aurait assassinée - je dis ça bien sûr au conditionnel parce qu’il y a une présomption d’innocence - (...) je trouve ça proprement scandaleux", a-t-elle dit.
"En disant ça, on légitime les féminicides, on légitime le fait que tous les trois jours, il y a une femme qui soit tuée sous les coups de son conjoint (...). Elle avait une personnalité écrasante, elle était trop exigeante, elle s’habillait de façon trop aguicheuse...Il y a toujours une bonne excuse, ça suffit!", a-t-elle lancé.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)