La chancelière Angela Merkel, en campagne électorale, a reçu mercredi ses partenaires européens pour une nouvelle réunion sur le chômage, qui s'est soldée par des promesses de mesures concrètes... d'ici quelques mois.
La rencontre, un grand raout de tous les ministres de l'Emploi de l'UE, de 18 chefs d'Etat et de gouvernement et nombre d'autres personnalités européennes, a permis de dégager une position commune sur un tout autre sujet : le début des négociations de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis, sujet qui a parasité le sommet après un différend entre Paris et Berlin sur la marche à suivre.
Il a finalement été convenu que, malgré les révélations fracassantes sur l'espionnage des Américains, les négociations commenceraient bien la semaine prochaine comme prévu.
Sur le chômage des jeunes, "la priorité la plus urgente" en Europe à l'heure actuelle selon le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, les participants ont affirmé avoir beaucoup avancé et convenu de se retrouver pour une réunion du même type à Paris en novembre.
"Nous voulons nous mettre nous-mêmes un peu la pression, nous avons créé des attentes", a déclaré Mme Merkel lors d'une conférence de presse.
"Nous avons une obligation d'avancer, une obligation de résultat", a affirmé comme en écho M. Hollande, tandis que le président du Parlement européen Martin Schulz a prévenu qu'à moins de tenir ses promesses sur le chômage, l'Europe risquait "une rupture systémique".
Les responsables européens ont discuté de formation, d'accès au crédit des PME, de mobilité des jeunes, ainsi que du meilleur moyen d'utiliser les fonds européens à disposition. Il s'agissait d'un "échange de bonnes pratiques", devant permettre aux pays concernés de puiser de l'inspiration dans ce qui se fait ailleurs. Autriche, Danemark ou encore Pays-Bas ont notamment expliqué leurs modèles.
Déblocage de 6 milliards d'euros
Les 27 pays de l'UE avaient déjà confirmé la semaine dernière le déblocage rapide de 6 milliards d'euros supplémentaires pour lutter contre un chômage dramatique par endroits, mais l'UE a bien d'autres moyens à disposition, a précisé la chancelière, avec notamment les fonds sociaux et structurels européens. La Banque européenne d'investissement va en outre étoffer son programme de crédits aux PME, a déclaré la ministre de l'Emploi allemande Ursula von der Leyen.
Son rival dans la course à la chancellerie, Peer Steinbrück, a accusé la chancelière de "faire de la campagne électorale sur le dos de 6 millions de chômeurs".
"Tout ce qu'elle fait, c'est par rapport à des principes et des réalités électorales", admettait-on dans l'entourage du président français.
Mme Merkel a également à coeur de restaurer l'image de l'Allemagne, vue dans le Sud de l'Europe comme directement responsable de la misère économique de par son intransigeance sur le redressement des finances publiques.
Plusieurs syndicats européens ont tenu à faire entendre leur voix, en organisant un événement à proximité de la chancellerie. "Puisqu'ils ont réussi à trouver des solutions pour les banques, aujourd'hui c'est pour les jeunes qu'il faut trouver des solutions", a martelé Emilie Trigo, du syndicat français Unsa, lors de cette manifestation parallèle à laquelle participaient environ 300 jeunes venus de toute l'Europe.
La présidente lituanienne Dalia Grybauskaité, dont le pays préside depuis lundi l'UE, a toutefois prévenu que "la dimension sociale, la question sociale, ne (pouvait) être résolue que par les gouvernements nationaux".
Elle veut éviter à tout prix "que certains gouvernements aient une excuse pour ne rien faire en pensant que l'Europe va les aider".