Du Premier ministre du Japon au petit hôtelier désoeuvré, dirigeants, hommes d'affaires et commerçants nippons se réjouissent de l'attribution des JO à Tokyo en 2020, une occasion de rajeunir la capitale et de doper l'activité économique du pays.
"C'est reparti comme en 1959 !", veulent croire les Japonais, rappelant que l'annonce du choix de Tokyo pour les JO de 1964 avait propulsé le pays sur la scène mondiale avec une dynamique inédite.
Dès dimanche, à peine la victoire de Tokyo pour 2020 était-elle officialisée que les premiers signes de l'enthousiasme sonnant et trébuchant ont retenti.
Plusieurs grands magasins ont immédiatement organisé des promotions spéciales Tokyo 2020 pour fêter l'événement.
Les boutiques pour collectionneurs ont ressorti les timbres et pièces commémoratives des jeux Olympiques de 1964.
Des couples se sont précipité pour visiter les appartements-témoins des nouveaux immeubles en construction à proximité de lieux prévus pour les épreuves et manifestations liées aux JO.
D'après les organisateurs, entre 2013 et 2020, les effets économiques directs des JO pourraient atteindre 2.961 milliards de yens (231 milliards d'euros) pour le Japon, dont plus de la moitié pour la seule capitale.
Dans le détail, la restauration, l'hébergement et les autres services devraient bénéficier en sept ans d'un surcroît d'activité de 651 milliards de yens (5 milliards d'euros), 475 milliards pour le secteur de la construction, 278 pour le commerce de détail.
"Le produit intérieur brut (PIB) du Japon serait le cas échéant élevé de 3% sur la période 2013-2020", précise Eiji Kinouchi, analyste de Daiwa Securities.
Mais selon lui, les responsables de la capitale auraient volontairement restreint leurs calculs aux effets directs, car ce qui est un gain pour le marché correspond en partie à des dépenses publiques à réaliser.
De fait, si l'on prend aussi en considération les effets indirects, accélération de travaux, augmentation de la population sportive et divers autres éléments, M. Kinouchi juge que le secteur privé pourrait bénéficier au total d'un marché supplémentaire de 150.000 milliards de yens (1.150 milliards d'euros) en 7 ans.
Ces nouveaux JO, dont les préparatifs vont coïncider avec la reconstruction post-tsunami déjà programmée, seront aussi l'occasion de remettre à neuf des tunnels, ponts, autoroutes et autres édifices bâtis il y a 40, 50 ou 60 ans.
"Pendant la période de haute croissance (du milieu des années 1950 à la décennie 1970), de très nombreuses infrastructures ont été construites, mais tout cela a vieilli et doit être renouvelé. La perspective fixée des JO en 2020 va accélérer les travaux, qui étaient prévus à petit rythme", explique M. Kinouchi, qui chiffre ce surcroît à 50/60.000 milliards de yens.
De fait, les actions de promoteurs et groupes de BTP se sont envolées lundi à la Bourse.
Tokyo espère surtout un décollage inédit de la fréquentation touristique, freinée par le tsunami et l'accident nucléaire de 2011. Le cas échéant, cette envolée pourrait avoir des retombées de 100.000 milliards de yens.
La stratégie de croissance du Premier ministre de droite Shinzo Abe prévoyait déjà un doublement en sept ans du nombre des visiteurs étrangers au Japon d'ici à 2020, à 20 millions d'entrées par an et même 30 millions d'ici à 2030. Avec les JO de 2020, cet objectif devrait être atteint voire dépassé et la contribution des touristes étrangers au PIB nettement augmentée. Elle n'est pour le moment que de 5%, deux fois moins qu'en moyenne dans les autres pays du monde.
Pas moins de 152.000 emplois devraient aussi être créés dans le pays, essentiellement dans la capitale.
D'aucuns soulignent cependant que ce qui devra être nouvellement construit ex nihilo dans Tokyo et alentour n'est finalement pas si monumental et qu'il faut raison garder.
Mais ceci n'empêchera pas le prix des terrains de la capitale de flamber "deux fois plus que si les JO n'avaient pas été attribués à Tokyo", assure M. Kinouchi.