PHOENIX Arizona (Reuters) - Un condamné a mis près de deux heures à mourir par injection létale en Arizona, un fait qui devrait relancer le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis.
Le gouverneur de l'Arizona, Jan Brewer, a ordonné une enquête sur les circonstances de l'exécution, confiée aux services pénitentiaires, tout en estimant que justice avait été faite. Les organisations de défense des droits de l'homme ont exprimé leur indignation.
L'exécution de Joseph Wood, 55 ans, condamné pour un double meurtre, a commencé à 13h52 mercredi. Il a été déclaré mort à 15h49.
Dans l'intervalle, ses avocats ont déposé, sans succès, un recours en urgence devant la justice fédérale pour faire arrêter l'exécution et demander que lui soit administré un traitement médical permettant de le sauver. Ils avaient fait valoir que le droit constitutionnel du condamné à être exécuté sans avoir à subir un "châtiment cruel et inhabituel" n'était pas respecté.
"Il a haleté et suffoqué pendant environ une heure et 40 minutes", a déclaré l'un des avocats, Dale Baich. "Il semble que l'Arizona ait rejoint plusieurs autres Etats qui sont responsables d'une horreur qui était tout à fait évitable : une exécution bâclée. Le public devrait tenir ses représentants pour responsables."
Joseph Wood était l'un des six condamnés à la peine capitale qui avait poursuivi l'Etat d'Arizona le mois dernier, contestant le secret autour des produits utilisés dans les exécutions. Ce recours avait été rejeté mercredi, ouvrant la voie à son exécution.
Les partisans de l'abolition de la peine de mort ont fait part de leur horreur face à cette exécution interminable.
Pour Cassandra Stubbs, directrice de l'American Civil Liberties Union's Capital Punishment Project, l'Arizona a violé la Constitution.
"Il est temps pour l'Arizona et les autres Etats qui utilisent encore l'injection létale de reconnaître que cette expérience avec des produits non fiables est un échec", déclare-t-elle dans un communiqué.
"Les Américains en ont assez de la barbarie", a pour sa part déclaré Diann Rust-Tierney, directrice exécutive de la Coalition nationale pour l'abolition de la peine de mort.
En janvier, Dennis McGuire, condamné pour viol et meurtre, avait mis 25 minutes à mourir, par une injection combinant un mélange de midazolam et d'hydromorphone, qui était la première administration de ce genre aux Etats-Unis.
En Oklahoma au mois d'avril, Clayton Lockett s'était tordu de douleur et une aiguille s'était détachée durant son injection létale. L'exécution avait été interrompue mais le condamné était mort trente minutes plus tard d'une attaque cardiaque.
(David Schwartz, Danielle Rouquié pour le service français)